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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 586

  • Exposition "Matisse une seconde vie": escale onirique au Luxembourg

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    Malgré l’exiguïté du musée, l’exposition Matisse du musée du Luxembourg qui jouxte le Sénat, est une vraie réussite mais après tout peut-être tout écrin aurait-il convenu aux bijoux que sont les œuvres de Matisse. La correspondance de Matisse avec André Rouveyre entre 1941 et la mort du peintre en 1954 éclaire l’exposition et en constitue le fil conducteur. Pour Matisse qui avait été gravement malade c’est comme une seconde vie qui débute…à 72 ans et pendant laquelle ils échangèrent plus de 1200 lettres : art épistolaire et pictural se mêlent intelligemment. L’un et l’autre sont d’ailleurs des invitations au rêve, des évasions sublimes. C’est une exposition solaire et chatoyante, poétique et onirique qui emmène dans l’univers coloré de Matisse. On y voit très bien à quel point Matisse va s’attacher à rendre autonome la construction de l’espace pictural à travers un traitement expressif de la couleur et à quel point il se distingue et cherche à innover, encore et toujours dans cette seconde partie de sa vie. On y ressent aussi les affres de la création dont le peintre fait part à son ami dans leur correspondance. On reste fasciné par « Jazz », par « Zulma », par ses arabesques, par la sérénité radieuse qui se dégage de ses œuvres … et le soleil qui brille imperturbablement à l’extérieur semble avoir contaminé l’exposition … à moins que ce ne soit l’inverse. Un coup de soleil auquel je vous recommande de vous exposer sans modération…
    Jusqu’au 17 juillet, au musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris. Site internet de l’exposition.
    Sandra.M

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  • "Quand la mer monte": film/coup de coeur du mois

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    Dans un one woman show ,« Sale Affaire », pour lequel elle est en tournée dans le Nord de la France, Irène (Yolande Moreau) campe un personnage qui parle d’amour et a priori ne l’inspire pas vraiment mais bientôt spectacle et réalité vont s’entremêler...Ainsi, entre deux villes elle rencontre Dries, un porteur de géant…
    Il est des films comme cela, rares il est vrai, au milieu desquels surgit la magie sans qu’on s’y attende, ou justement parce-qu’on ne s’y attendait pas, parce-qu’ils tordent judicieusement le cou aux clichés. Qui vous charment insidieusement. Puis vous bouleversent même. Nos yeux pétillent comme ceux des personnages. Des larmes de joie ou de tristesse. De mélancolie peut-être. Qu’importe, d’émotion en tout cas. Ce film vous submerge comme un coup de foudre. On aime ce film comme les deux protagonistes tombent amoureux. Avec évidence. Personnages lunaires, légers, libres, vivants, vrais, fantaisistes (Kusturica serait-il passé par là ?) et surtout brillamment interprétés. Quand la mer monte, cela pourrait être le premier vers d’un poème … d’ailleurs, c’est beau comme un poème désenchanté, comme une histoire d’amour intensément éphémère et éternelle, comme un paradoxe, comme un air de Traviata qui empreint de mélancolie les paysages âpres du Nord, comme le tableau impressionniste auquel il ressemble parfois. Oui, beau tout simplement. On en ressort nostalgique mais léger ...

    Pour les retardataires, « Quand la mer monte » est encore projeté au Cinéma Saint-André des Arts et au MK2 Beaubourg notamment.

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE(2004 à 2007) Pin it! 1 commentaire
  • Bientôt le festival du film romantique de Cabourg(16-19 juin 2005)

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    Je n’étais pas retournée au festival du film romantique de Cabourg depuis ma participation à son jury des courts-métrages en 2002, expérience singulière et enrichissante. Le jury était alors présidé par Marie Trintignant, et notamment composé de Guillaume Laurant, Paul Cruchten, Frédéric Fonteyne. Nous avions alors primé le cinglant et désopilant J'attendrai le suivant de Philippe Orreindy qui avait d’ailleurs été ensuite sélectionnée pour les Oscars.

    J’y serai à nouveau du 16 au 19 juin 2005. Vous retrouverez sur ce site mon récit du festival, avec au programme des courts-métrages et des longs-métrages mais aussi des projections sur la plage dans le cadre enchanteur de la cité Proustienne.

    Retrouvez d’ores et déjà le programme du festival sur le site internet de Cabourg.

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU FILM ROMANTIQUE DE CABOURG 2005 Pin it! 0 commentaire
  • "Mon festival du cinéma" pour les JO de 2012

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    La photo du jour: Les Champs Elysées à l'heure de 2012! Aujourd'hui les Champs-Elysées se sont transformés en vaste terrain de sport sur lequel se sont déployées les 28 disciplines olympiques dont une piste d'athlétisme de 700M... Saluons l'organisation très réussie et espérons qu'elle préfigure celle des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2012! Réponse le 6 juillet...
    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Dimanche 22 Mai 2005 : Palme d’or et dernières impressions du festival de Cannes 2005

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    Un air de nostalgie rythme les pas désorientés des derniers festivaliers titubant qui errent sur la Croisette, encore grisés par ces jours de fête et revenant néanmoins peu à peu à la réalité de laquelle le festival les avaient momentanément éloignés. Ce n’est pourtant pas terminé, pas encore tout à fait. Depuis deux ans, le festival a inauguré une nouvelle formule pour le dimanche, repassant tous les films de la sélection la journée et la palme d’or le soir. Ne possédant pas le don d’ubiquité qui serait si salutaire au festivalier cannois, il m’est impossible de revoir les 4 films de la compétition que j’ai manqués et dont les horaires se chevauchent. Je décide donc de privilégier Jim Jarmusch et Wim Wenders délaissant à regret Cronenberg me souvenant des méandres tourmentés du cerveau de son «Spider » dans lesquels j’avais eu plaisir à m’égarer.

    Je commence par « Broken Flowers » de Jarmusch, ma curiosité aiguisée par le grand prix que le jury lui a attribué. Dès les premiers plans un Bill Murray chaplinesque capte notre attention par l’irrésistibilité de son jeu. Il incarne ici un ancien Don Juan (d’ailleurs prénommé Don) qui reçoit une mystérieuse lettre anonyme lui apprenant soudain qu’il a un fils de 19 ans. Il va alors partir à la recherche des 4 mères potentielles. Chaque rencontre est un prétexte à des saynètes ironiques elles-mêmes prétextes aux facéties de Bill Murray, là encore « lost in translation » face à ces témoins incongrus de son passé. La transition entre chaque saynète est signalée par des plans d’avion et de trajets en voiture dont la réitération les rend caduques et ennuyeux. Restent un film léger et une belle performance d’acteur qui, à défaut de laisser une trace indélébile dans les mémoires des festivaliers, leur permirent au moins de passer un bon moment.

    J’en attends davantage de Wim Wenders et de son « Don’t come knocking » malgré son absence au palmarès. Encore un road movie. Encore un film sur la paternité. Deux thèmes dont cette édition 2005 a été friande. Paternité ici incarnée par Howard Spence (Sam Shepard), ex-gloire du septième art qui ne décroche plus que des rôles secondaires et noie son dégoût de lui-même dans l’alcool jusqu’à ce que sa mère lui apprenne qu’il a peut-être un enfant. Il part alors « à la recherche du temps perdu. » Malheureusement Wim Wenders n’est pas ici à la hauteur des espoirs suscités et de sa réputation ni de « Paris-Texas » qu’il singe quelque peu, vingt et un ans après sa palme d’or, se perdant dans des digressions et alignant les clichés et les invraisemblances : le rachat d’une vie de débauche en découvrant sa double ( !) paternité et la seconde par hasard( !) à une rapidité déconcertante. De toute façon l’intérêt ne réside pas ici dans le scénario mais plutôt dans le cadre de l’errance du héros dans une Amérique fantomatique sublimement photographiée et judicieusement mise en scène. Il en fallait néanmoins davantage pour créer la surprise et l’engouement pour un cinéaste dont le talent de metteur en scène n’est plus à prouver.

    A peine le temps de me remémorer les deux films de la journée que je me retrouve une ultime fois sur le mythique tapis rouge surplombant la Croisette et la foule, néanmoins moins nombreuse que d’habitude. Les cris impitoyablement stridents des photographes me sortent de mes songes : pas le temps de s’attarder et de regarder en arrière pour effectuer un flash-back et un travelling arrière empreints de nostalgie, le jury arrive en bas des marches pour accueillir les frère Dardenne. C’est donc de la salle que je les verrai ensuite les attendre, en haut des marches cette fois. La rumeur selon laquelle l’entente entre certains membres du jury n’aurait pas été si cordiale semble confirmée, leur malaise est presque palpable à moins que ce ne soit leur vie harassante de ces 12 jours qui n’ait eu raison de leur sourire et de toute velléité de conversation. Après avoir été salués et félicités par le jury, les frères Dardenne entrent, radieux, dans le grand théâtre Lumière. Je revois avec plaisir « L’enfant » dont l’âpreté me paraît néanmoins encore plus prégnante que la première fois. Le film s’achève sur une scène rédemptrice bouleversante. Le générique, un générique, encore, pour la dernière fois. Générique de fin du festival aussi. Je m’apprête à applaudir à un rythme effréné. Quelle n’est pas ma déception… Rien, ou presque. Le public est groggy, déçu, perplexe, blasé, aseptisé, consensuel et surtout silencieux. Silence pesant. Clap de fin abrupte sans rappel.

    Cannes va ranger son tapis rouge, éteindre ses projecteurs. Les nombreuses affiches qui ornent ou défigurent la Croisette (c’est selon) vont être décrochées, les plateaux de télévision vont déserter la plage et les festivaliers vont s’éclipser avec plus de célérité que les 24 images par seconde qui ont rythmé ces 12 jours. Une multitude de souvenirs afflue entremêlant images cinématographiques et de la réalité, ma réalité si irréelle parfois pourtant, et entraînant la mélancolie inhérente à toute fin de festival, un de ces moments hors du temps que l’on aimerait éternel et dont on se demande toujours si sa magie intransmissible pourra se renouveler. Pour évincer la vague à l’âme inéluctable qui menace de submerger mes neurones endoloris, je songe déjà à Cabourg où je serai très bientôt et où je ne suis pas retournée depuis ma participation à son jury de courts-métrages en 2002, jury alors présidé par Marie Trintignant…mais là encore c’est une autre (belle) histoire.

    En attendant retrouvez ci-dessous mon récit intégral jour après jour du festival de Cannes 2005.

    Merci pour vos très nombreux mails d’encouragement et n’hésitez pas à continuer à me faire part de vos commentaires et réactions.

    Vous pourrez donc bientôt retrouver mon récit des Journées Romantiques de Cabourg qui se dérouleront du 16 au 19 juin 2005 puis en septembre mon récit du festival du film américain de Deauville (du 2 au 11 septembre 2005) où je serai également et cela pour la 12ème année consécutive.

    Pour ceux qui désireraient partir au festival de Cannes 2006, si vous avez entre 18 et 25 ans, vous pouvez tenter votre chance avec le prix de la jeunesse organisé par le Ministère de la jeunesse et des sports (critique de film+CV+ lettre sur le cinéma à partir d’un thème différent chaque année, en 2005 c’était « le regard »), prix de la jeunesse grâce auquel je suis allée au festival de Cannes pour la première fois en 2001.

    Sandra.M

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  • Samedi 21 Mai 2005 : clôture et palmarès du 58ème Festival de Cannes

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    La Croisette, qui n’en est pourtant pas avare, bruisse encore plus de rumeurs que de coutume. De nombreux festivaliers viennent ou reviennent de Paris ou d’ailleurs pour la clôture, pour assister au palmarès ou parfois même juste pour monter les marches, y faire leur cinéma…et les redescendre juste après sans même être entrés dans le Grand Théâtre Lumière. Pour eux, Cannes n’est pas un festival de cinéma, juste le théâtre de leur propre cinéma. De mon côté, avant l’heure fatidique, rendez-vous est donné dans un grand hôtel cannois. A l’entrée une multitude de photographes et de badauds attendent à l’affût de la moindre starlette ou de la moindre information. A l’intérieur règne une agitation inaccoutumée. L’atmosphère est électrique à quelques minutes de l’instant crucial. Je m’installe un peu en retrait pour attendre tout en observant ce spectacle tragi-comique. A l’entrée de l’hôtel, un célèbre judoka médaillé olympique interpelle autoritairement et grossièrement les photographes pour qu’ils effectuent leur travail plus prestement. Pendant ce temps une starlette se remaquille en se regardant dans les grandes glaces du hall. Pour elle, c’est visiblement le combat de sa vie. Un peu plus loin je remarque de dos deux hommes qui font les cents pas avec une rigueur presque géométrique. Plus tard en entendant leurs noms prononcés pour la récompense suprême je me souviendrai que les frères Dardenne, puisque des frères Dardenne il s’agit, avaient l’air particulièrement fébriles. A la réception le téléphone ne cesse de sonner. De nombreuses voitures officielles attendent devant le hall. Les caméras et les micros du monde entier sont très temporairement braqués sur Cannes, du moins c'est ce que cette dernière se plaît à croire avec l'égocentrisme qui la caractérise. L’heure me sort de mes tergiversations. Il est temps de se diriger vers le palais. Tout en marchant sous le soleil toujours étincelant et au milieu du brouhaha toujours ininterrompu et d’une foule de festivaliers qui rendent les trottoirs pratiquement impraticables, j’élabore mon propre palmarès :

    -Palme d’or : « Free zone » d’Amos Gitaï
    -Prix de la mise en scène : « Caché » d’Haneke
    ou « Kilomètre zéro » de Hiner Saleem
    -Prix d’interprétation masculine : Jérémie Rénier pour « L’enfant »
    Ou Bill Murray pour « Broken Flowers »
    -Prix d’interprétation féminine : Hanna Laslo pour « Free zone » (uniquement si la palme d’or ne lui est pas attribué), ou
    Bryce Dallas Howard pour « Manderlay »
    -Grand prix : « Three times » de Hou Hsiao-Hsien
    -Prix du jury : Shangaï Dreams de Wang Xiaoshai
    -Prix du scénario : « L’enfant » des fréres Dardenne

    A peine le temps d’en débattre que la lumière s’éteint. Le palais retient son souffle, suspendu aux lèvres du président du jury : Emir Kusturica. Lambert Wilson et Valérie Lemercier et leurs clowneries dérident salutairement et temporairement la salle. Les prix, les lauréats et les remettants prestigieux (Abbas Kiarostami, Milla Jovovich, Fanny Ardant, Ralph Fiennes, Pénélope Cruz, Hillary Swank, Morgan Freeman, Kristin Scott Thomas etc) défilent sous les applaudissements retenus et timides à l’image de ce qu’ils ont été tout au long de ce 58ème festival.

    Court-métrage, palme d’or : « Podorozhni » d’Igor Strembitskyy (Ukraine), Mention spéciale : « Clara » de Van Sowerwine
    Caméra d’or : « Moi, toi et les autres » de Miranda July (Etats-Unis) et « La terre abandonnée » de Vimukhti Jayasundara (Sri Lanka)
    Prix du jury : « Shangaï dreams » de Wang Xiaoshai (Chine)
    Prix du scénario : Guillermo Arriaga pour « Trois enterrements » (Etats-Unis)
    Prix de la mise en scène : Michel Henke pour « Caché » (France)
    Grand prix : Jim Jarmusch pour « Broken Flowers » (Etats-Unis)
    Prix d’interprétation masculine : Tommy Lee Jones pour son propre film « Trois enterrements »
    Prix d’interprétation féminine : Hanna Laslo pour « Free zone » d’Amos Gitaï (Israël)
    Palme d’or : « L’enfant » de Luc et Jean-Pierre Dardenne(Belgique)

    Une nouvelle fois la salle a applaudi poliment devant ce palmarès très conventionnel à l’image de cette 58ème édition...trop conventionnel peut-être même de la part d’un président dont on attendait davantage d’audace et au regard du nombre de prix américains notamment pour « Trois enterrements » qui selon moi ne méritait pas autant d’honneur. Finalement c’est l’émotion qui a remporté la palme et les suffrages du jury avec le poignant «L’enfant » des frères Dardenne lesquels, n’oubliant pas la résonance internationale du festival, dédient leur film à « Florence Aubenas et son chauffeur Hussein Hanoun pour montrer à leurs ravisseurs que nous sommes aussi obstinés qu’eux ». Après Imamura, Bille August, Visconti, Kusturica et Coppola, c’est donc au tour des frères DArdenne de recevoir la récompense cinématographique suprême pour la deuxième fois. Le palmarès pouvait de toute façon difficilement créer la surprise tant la compétition était homogène, et de qualité, avec presque uniquement des cinéastes au talent largement reconnu : Wenders, Cronenberg, Van Sant, Lars Von Trier, Jarmusch etc.

    A suivre demain : la palme d’or et le récit du dernier jour et de mes dernières impressions du festival de Cannes 2005…
    Retrouvez ci-dessous le récit jour par jour du festival de l’ouverture à la clôture.

    Sandra.M

    Photo : les frères Dardenne avec la palme d’or reçue pour « L’enfant ».

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  • Résumé du Vendredi 20 Mai 2005 (Dixième jour du festival de Cannes)

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    Profondeur de champ remarquable. Réalisation magistrale. Scénario ciselé. Acteurs admirablement dirigés. Extrait ludique et insolent. Novateur même. Le public applaudit allègrement. Son auteur fait visiblement l’unanimité. Malheureusement, ce n’est pas un film en compétition mais l’extrait d’un film de Jean Renoir qui précède certaines projections du Grand Théâtre Lumière ou de la salle Debussy. A l’heure des pronostics, la compétition suscite toujours des réactions aussi tièdes. Pas d’envolées lyriques ou de déclamations admiratives. Pas non plus de dédain ostentatoire. La passion et l’exaltation ont déserté les projections de la Croisette, pour cette année en tout cas. L’Europe et le référendum pour son traité constitutionnel les ont peut-être monopolisées. L’enjeu est là crucial, certes. A Cannes aussi c’est pourtant une page d’Histoire qui se tourne, une page de l’Histoire du cinéma sur laquelle le nom de l’heureux lauréat va bientôt être immortalisé. Cela pourrait-il être Tommy Lee Jones pour son premier long-métrage en tant que réalisateur « The three burials of Melquiades Estrada » (trois enterrements) ou bien Hou Hsia-Hsien pour « Three times » ? Tels sont en tout cas les deux films du jour et les deux derniers de la compétition.

    Avant les « 3 enterrements », il faut au moins une mort, en l’espèce celle de Melquiades Estrada, paysan mexicain dont le corps est retrouvé en plein désert où il a été rapidement enterré après son assassinat. Pour savoir qui en est l’auteur, Pete Perkins, contremaître du Ranch et meilleur ami de Melquiades va mener lui-même l’enquête que les autorités locales refusent d’assumer. Seul garant, dans cette étrange région du Texas, d’une réelle humanité, il va découvrir le meurtrier, lui faire déterrer le corps et offrir à son ami une sépulture honorable dans son Eldorado natal, le Mexique. Il va aussi offrir à son assassin une leçon de vie sur la vie des hommes, le sens des valeurs, le respect de la vie. Le festival du film américain de Deauville, auquel on a pourtant longtemps reproché d’être une vitrine pour les blockbusters américains (à tort …depuis que la compétition existe en tout cas) n’aurait probablement pourtant pas osé mettre ce film en compétition qui aligne les clichés du genre en essayant de les détourner sans vraiment les renouveler, si ce n’est un humour noir jouant aussi parfois sur les anachronismes de ce western des temps modernes. Sans vouloir tomber dans l’ostracisme simplificateur et caricatural, spécifions quand même que le film est produit par Europacorp…ceci expliquant peut-être cela. Ce périple macabre et rédempteur est avant tout le portrait d’un homme étrange et obstiné ou étrangement obstiné interprété par… Tommy Lee Jones. Sa détermination inébranlable et sa loyauté aveuglée l’amènent à faire preuve d’une violence vengeresse, prétexte à des scènes renouvelées qui alourdissent et décrédibilisent le récit. Tommy Lee Jones s’évertue tellement à vouloir créer une atmosphère qu’il finit par effectuer des digressions inutiles et par en oublier de terminer les portraits de personnages tout juste esquissés. Le véritable personnage de ce road movie funèbre est peut-être ce paysage fascinant et impitoyable, cadre du décalage social entre les terres au Nord et au Sud du Rio Grande, dans lequel il aura eu au moins le mérite de nous faire voyager.

    Le dernier film du jour et de la compétition promet d’être aux antipodes de celui de Tommy Lee Jones. Hou Hsiao Hsien avec ces « Three times » se lance, et nous lance, en effet un défi poétique : retrouver un moment d’euphorie qui ne reviendra jamais, un instant dont nous avons la nostalgie non parce-qu’il serait le meilleur mais parce-que nous l’avons perdu à jamais. De cet instant notre mémoire ne conserve que les réminiscences, et de cette manière cet instant demeure le plus beau sans comparaison possible. Ces « Three times » sont en effet trois époques, trois histoires (1911, 1966, 2005) incarnées par le même couple de comédiens. C’est surtout la triple réincarnation d’un amour infini. Dès les premiers plans le spectateur se retrouve immergé dans ce conte sentimental, fasciné par sa langueur ensorcelante, comme un tableau qui vous hypnotise et vous bouleverse instantanément sans que vous sachiez réellement pourquoi. La magie des sentiments et des moments uniques qu’il retranscrit transparaît dans chaque geste et surtout chaque silence des personnages qu’il filme comme des danses langoureuses. On songe évidemment à « In the Mood for love » de Wong Kar Waï qu’il ne détrône néanmoins pas de son piédestal, véritable perfection du genre. Ici le non dit et le silence remplacent des dialogues inutilement explicatifs (comme au temps du muet des cartons remplacent les dialogues), la lenteur judicieuse incite à la rêverie qu’une réalisation plus didactique n’aurait pas permis. Si « three times » est un bel exercice de style il ne l’est pas seulement. L’envoûtement est tel qu’on voudrait ne plus quitter cette atmosphère et ces instants sublimés. Dommage que la troisième partie ne soit pas à la hauteur des deux premières, plus expéditive, plus explicative, peut-être aussi car la contemporanéité et sa violence empêchent l’éternité. C’est enfin un poème intemporelle et nostalgique au rythme délicieusement séduisant. Plus qu’un film c’est une expérience, une belle utopie à laquelle il parvient à nous faire croire, un rêve dont on n’aimerait pas se réveiller, comme celui dans lequel vous plonge ce festival et ses instants surréalistes, pourtant demain déjà le suspense prendra fin par la révélation du palmarès. Un petit tour au Club Arte s’impose donc pour en débattre…mais c’est là une autre histoire…

    A suivre demain: "mon" palmarès, le palmarès officiel, la cérémonie de clôture et le compte-rendu de "Broken Flowers" de Jim Jarmusch et « Don’t come knocking » de Wim Wenders .

    Sandra.M

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