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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 52

  • A la une sur In the mood - Le Magazine

     

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    Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, je vous invite à découvrir mon nouveau blog "In the mood - Le Magazine" sur lequel je viens d'effectuer quelques modifications. Désormais, en page d'accueil, vous y retrouverez la vidéo de la semaine. A la une cette semaine: un flashback sur mon récit de la cérémonie des César 2011 vécue en direct du théâtre du Châtelet, les vidéos de la masterclass de Coppola au Festival du Cinéma Américain de Deauville, des tests de restaurants, la critique de "Carnage" de Polanski et de nombreux autres articles que je vous laisse découvrir. Bientôt, vous y retrouverez de nouvelles rubriques, au coeur de l'actualité et des nouvelles "littéraires" inédites... Avis et suggestions demeurent les bienvenus!

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  • "The Artist" de Michel Hazanavicius, film de l'année pour The Time Magazine: en route pour les Oscars

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    Ce film pour lequel je vous ai fait partager mon enthousiasme suite aux deux projections cannoises (puis deauvillaise) auxquelles j'ai assisté continue son incroyable parcours...amplement mérité. Dès la première projection, j'étais persuadée qu'il méritait de figurer aux Oscars (et un prix d'interprétation sur lequel je continue de parier). Cela semble très bien parti: The Time  Magazine vient de l'élire film de l'année! Il serait même un des favoris des prochains Oscars. Un film qui, contrairement au succès en salles de cette année 2011 (qui vient de passer la barre des 12 millions d'entrées), comporte de vraies qualités cinématographiques. Récompensé à Cannes, il a attiré 1,5 millions de spectateurs et sort actuellement aux Etats-Unis. Sur twitter et ailleurs, nombreux sont les Américains a déclaré leur passion pour ce film. Alex Baldwin a ainsi écrit : « THE ARTIST is a very good film. Well worth seeing. Jean Dujardin is fantastic » ou encore Bret Easton Ellis "The Artist will win best picture, best director and best actor at the Oscars next year." The Artist a également été primé par le New York Film Critics Circle, célèbre association de critiques de cinéma qui lui a décerné le prix du film de l'année. Quant aux European Film Awards, ils se sont contentés de lui attribuer le prix de la meilleure musique pour Ludovic Bource. Rendez-vous le 26 février 2012 aux Oscars pour savoir s'il décrochera la précieuse statuette...ou plusieurs. En attendant, retrouvez mon dossier complet consacré à ce film, ci-dessous.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer.  Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

     Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour  du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius.  Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame  est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius  évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le  primant,  le Festival de  Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films  aussi différents et marquants que  « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.

     Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    Un dernier petit conseil : ne regardez pas la bande-annonce (dont je n’ai pas peur de dire qu’elle m’a émue, comme le film), pour conserver le plaisir de la découverte.

    En bonus :

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz

    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius

    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia

    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplin

     Découvrez mon nouveau blog : http://inthemoodlemag.com !
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  • European Film Awards 2011: "Melancholia" de Lars von Trier, meilleur film 2011

    Ce soir, à Berlin, se tenait la cérémonie des European Film Awards. C’est le film que je considère comme le meilleur film européen mais également le meilleur film mondial de l’année qui a reçu le prix du European Film 2011: « Melancholia » de Lars von Trier (dont vous pouvez retrouver ma critique en bas de cet article). L’autre grand film européen de cette année, « The Artist » de Michel Hazanvicius n’a reçu « que » le prix de la meilleure musique mais gageons que, au regard de son accueil aux Etats-Unis, il figurera au palmarès des Oscars…et pas seulement pour la musique.

    PALMARES COMPLET DES EUROPEAN FILM AWARDS 2011

    EUROPEAN FILM 2011:
    MELANCHOLIA, Denmark/Sweden/France/Germany
    WRITTEN & DIRECTED BY: Lars von Trier
    PRODUCED BY: Meta Louise Foldager & Louise Vesth

     

    EUROPEAN FILM ACADEMY SHORT FILM 2011:
    EFA Short Film Nominee Drama:
    THE WHOLLY FAMILY by Terry Gilliam

    EUROPEAN FILM ACADEMY LIFETIME ACHIEVEMENT AWARD 2011:
    Stephen Frears

    EFA People’s Choice Award 2011:
    The King’s Speech

    EUROPEAN EDITOR 2011:
    Tariq Anwar for THE KING’S SPEECH

    EUROPEAN PRODUCTION DESIGNER 2011:
    Jette Lehmann for MELANCHOLIA

     EUROPEAN ACTOR 2011:
    Colin Firth in THE KING’S SPEECH

    EUROPEAN ACTRESS 2011:
    Tilda Swinton in WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN

    EUROPEAN FILM ACADEMY DOCUMENTARY 2011 – Prix ARTE:
    PINA, Germany
    written & directed by Wim Wenders
    produced by Gian-Piero Ringel & Wim Wenders

    EUROPEAN COMPOSER 2011:
    Ludovic Bource for THE ARTIST

     EUROPEAN SCREENWRITER 2011:
    Jean-Pierre & Luc Dardenne for LE GAMIN AU VELO (The Kid with a Bike)

    EUROPEAN ACHIEVEMENT IN WORLD CINEMA 2011:
    Mads Mikkelsen

    EUROPEAN DISCOVERY 2011 – Prix FIPRESCI:
    ADEM (Oxygen), Belgium/the Netherlands
    written & directed by Hans Van Nuffel

    EUROPEAN DIRECTOR 2011
    Susanne Bier for HÆVNEN (In a Better World)

    EUROPEAN CO-PRODUCTION AWARD – Prix EURIMAGES 2011:
    Mariela Besuievsky

    EFA SPECIAL HONORARY AWARD 2011:
    Michel Piccoli

    CARLO DI PALMA EUROPEAN CINEMATOGRAPHER AWARD 2011:
    Manuel Alberto Claro for MELANCHOLIA

    EUROPEAN FILM ACADEMY ANIMATED FEATURE FILM 2011:
    CHICO & RITA, Spain/Isle of Man
    directed by Tono Errando, Javier Mariscal & Fernando Trueba

    Critique de « Melancholia » de Lars von Trier

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    C’est quelques semaines après la mémorable projection cannoise que j’ai réuni mes impressions pour écrire cette critique… De cette projection, je garde une impression à la fois jubilatoire et dérangeante, et de fascination, accentuée par le fait que j’ai vu ce film dans le cadre de sa projection cannoise officielle suite à la conférence de presse tonitruante en raison des déclarations pathétiques de Lars von Trier dont le film n’avait vraiment pas besoin et dont nous ne saurons jamais si elles lui ont coûté la palme d’or que, à mon avis, il méritait beaucoup plus que « Tree of life ».  Rarement (jamais ?) en 11 ans de festival, l’atmosphère dans la salle avant une projection ne m’avait semblée si pesante et jamais, sans doute, un film n’aura reçu un accueil aussi froid (d’ailleurs finalement pas tant que ça) alors qu’il aurait mérité un tonnerre d’applaudissements.

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    Je pourrais vous en livrer le pitch. Ce pitch vous dirait que, à l’occasion de leur mariage, Justine (Kirsten Dunst) et Michael (Alexander Skarsgård ) donnent une somptueuse réception dans le château de la sœur de Justine, Claire(Charlotte Gainsbourg) et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige inéluctablement vers la Terre…

     Mais ce film est tellement plus que cela…

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    Dès la séquence d’ouverture, d’une beauté sombre et déroutante, envoûtante et terrifiante (une succession de séquences et photos sur la musique de Wagner mêlant les images de Justine  et les images de la collision cosmique), j’ai été éblouie, subjuguée, happée par ce qui se passait sur l’écran pour ne plus pouvoir en détacher mon attention. Après ce prologue fantasmagorique et éblouissant,  cauchemardesque,  place au « réalisme » avec les mariés qui sont entravés dans leur route vers le château où se déroulera le mariage. Entravés comme Justine l’est dans son esprit. Entravés comme le sera la suite des évènements car rien ne se passera comme prévu dans ce film brillamment dichotomique, dans le fond comme dans la forme.

    Lars von Trier nous emmène ensuite dans un château en Suède, cadre à la fois familier et intemporel, contemporain et anachronique, lieu du mariage de Justine, hermétique au bonheur. La première partie lui est consacrée tandis que la seconde est consacrée à sa sœur Claire. La première est aussi mal à l’aise avec l’existence que la seconde semble la maitriser jusqu’à ce que la menaçante planète « Melancholia » n’inverse les rôles, cette planète miroir allégorique des tourments de Justine provoquant chez tous cette peur qui l’étreint constamment, et la rassurant quand elle effraie les autres pour qui, jusque là, sa propre mélancolie était incompréhensible.

    Melancholia, c’est aussi le titre d’un poème de Théophile Gautier et d’un autre de Victor Hugo (extrait des « Contemplations ») et le titre que Sartre voulait initialement donner à « La nausée », en référence à une gravure de Dürer dont c’est également le titre. Le film de Lars von Trier est la transposition visuelle de tout cela, ce romantisme désenchanté et cruel. Ce pourrait être prétentieux (comme l’est « Tree of life » qui semble proclamer chaque seconde sa certitude d’être un chef d’œuvre, et qui, pour cette raison, m’a autant agacée qu’il m’a fascinée) mais au lieu de se laisser écraser par ses brillantes références (picturales, musicales, cinématographiques), Lars von Trier les transcende pour donner un film d’une beauté, d’une cruauté et d’une lucidité renversantes.

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     C’est aussi  un poème vertigineux, une peinture éblouissante, un opéra tragiquement romantique, bref une œuvre d’art à part entière. Un tableau cruel d’un monde qui se meurt ( dont la clairvoyance cruelle de la première partie fait penser à « Festen » de Vinterberg) dans lequel rien n’échappe au regard acéré du cinéaste : ni la lâcheté, ni l’amertume, ni la misanthropie, et encore moins la tristesse incurable, la solitude glaçante face à cette « Mélancholia », planète vorace et assassine, comme l’est la mélancolie dévorante de Justine.

    « Melancholia » est un film bienheureusement inclassable, qui mêle les genres habituellement dissociés (anticipation, science-fiction, suspense, métaphysique, film intimiste…et parfois comédie certes cruelle) et les styles (majorité du film tourné caméra à l’épaule) .

    Un film de contrastes et d’oppositions. Entre rêve et cauchemar. Blancheur et noirceur. La brune et la blonde. L’union et l’éclatement. La terreur et le soulagement. La proximité (de la planète) et l’éloignement (des êtres).

    Un film à contre-courant, à la fois pessimiste et éblouissant. L’histoire d’une héroïne  incapable d’être heureuse dans une époque qui galvaude cet état précieux et rare avec cette expression exaspérante « que du bonheur ».

    Un film dans lequel rien n’est laissé au hasard, dans lequel tout semble concourir vers cette fin…et quelle fin ! Lars von Trier parvient ainsi à instaurer un véritable suspense terriblement effrayant et réjouissant qui s’achève par une scène redoutablement tragique d’une beauté saisissante aussi sombre que poignante et captivante qui, à elle seule, aurait justifié une palme d’or. Une fin sidérante de beauté et de douleur. A couper le souffle. D’ailleurs, je crois être restée de longues minutes sur mon siège dans cette salle du Grand Théâtre Lumière, vertigineuse à l’image de ce dénouement, à la fois incapable et impatiente de transcrire la multitude d’émotions procurées par ce film si intense et sombrement flamboyant.

    Et puis… comment aurais-je pu ne pas être envoûtée par ce film aux accents viscontiens (« Le Guépard » et « Ludwig- Le crépuscule des Dieux » de Visconti ne racontant finalement pas autre chose que la déliquescence d’un monde et d’une certaine manière la fin du monde tout comme « Melancholia »), étant inconditionnelle du cinéaste italien en question ? (J’en profite pour vous rappeler que « Ludwig- Le Crépuscule des Dieux de Visconti » est ressorti en salles la semaine dernière. A -re-voir absolument).

    Le jury de ce 64ème Festival de Cannes  a d’ailleurs semble-t-il beaucoup débattu du « cas Melancholia » (cf vidéo en bas de cette page).  Ainsi, selon Olivier Assayas, lors de la conférence de presse du jury : « En ce qui me concerne, c’est un de ses meilleurs films. Je pense que c’est un grand film. Je pense que nous sommes tous d’’accord pour condamner ce qui a été dit dans la conférence de presse. C’est une œuvre d’art accomplie. »

    Kirsten Dunst incarne la mélancolie (d’ailleurs pas pour la première fois, tout comme dans « Marie-Antoinette » et « Virgin Suicides ») à la perfection dans un rôle écrit au départ pour Penelope Cruz. Lui attribuer le prix d’interprétation féminine était sans doute une manière judicieuse pour le jury de récompenser le film sans l’associer directement au cinéaste et à ses propos, lequel cinéaste permettait pour la troisième fois à une de ses comédiennes d’obtenir le prix d’interprétation cannois (se révélant ainsi un incontestable très grand directeur d’acteurs au même titre que les Dardenne dans un style certes très différent), et précédemment Charlotte Gainsbourg pour « Antichrist », d’ailleurs ici également époustouflante.

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     Un très grand film qui bouscule, bouleverse, éblouit, sublimement cauchemaresque et d’une rare finesse psychologique qui, trois mois après l’avoir vu, me laisse le souvenir lancinant et puissant  d’un film qui mêle savamment les émotions d’un poème cruel et désenchanté, d’un opéra et d’un tableau mélancoliques et crépusculaires.

    Alors je sais que vous êtes nombreux à vous dire réfractaires au cinéma de Lars von Trier…mais ne passez pas à côté de ce chef d’œuvre (et je n’ai employé ce terme pour aucun autre film cette année) qui vous procurera plus d’émotions que la plus redoutablement drôle des comédies, que le plus haletant des blockbusters, et que le plus poignant des films d’auteurs et dont je vous garantis que la fin est d’une splendeur qui confine au vertige. Inégalée et inoubliable.

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  • Rétrospective cinéma et littérature à la Filmothèque du Quartier Latin du 10 janvier au 14 février 2012

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    Voilà une belle idée que celle de la Filmothèque du Quartier Latin de proposer une rétrospective Littérature et Cinéma du 10 janvier au 14 février 2012. L’occasion de revoir des classiques du cinéma (la sélection est remarquable, je crois bien que la Filmothèque deviendra ma seconde maison en janvier, février …) mais aussi des films récents, des films dont vous pouvez retrouver quelques critiques ici (cliquez sur les noms des films pour accéder à mes critiques) :

    « Le Guépard » de Luchino Visconti

    « L’armée des ombres » de Jean-Pierre Melville

    « Sagan » de Diane Kurys 

     

    PROGRAMME :

    Ouverture : le 10 janvier

    Rencontre : Emmanuel CARRERE (BOUGE PAS, MEURS ET RESSUSCITE) (en présence de l'actrice Dinara Droukarova)

     

    Semaine 1 : du 11 au 17 janvier

    Grands classiques : BARRY LYNDON, LE GUEPARD, LE MEPRIS, GENS DE DUBLIN, LE DIABLE AU CORPS, A L'EST D'EDEN.

    L'Ecrivain scénariste et cinéaste : TERRE ET CENDRES.

    L'Ecrivain vu par le cinéma : BRIGHT STAR.

    Les Jeudis du Polar : Romain SLOCOMBE présente LE CORBEAU ; ASSURANCE SUR LA MORT.

    Les Rencontres : Christine MONTALBETTI (MADAME BOVARY), Atiq RAHIMI (avant-première de réédition de L'INSOUTENABLE LEGERETE DE L'ETRE), Carole MARTINEZ (MOBY DICK).

     

    Semaine 2 : du 18 au 24 janvier

    Grands classiques : LE TEMPS DE L'INNOCENCE, LE MANTEAU, REBECCA, JOURNAL D'UN CURE DE CAMPAGNE, DIAMANTS SUR CANAPE, UN AMOUR DE SWANN.

    L'Ecrivain scénariste et cinéaste : THE SERVANT, UN ROI SANS DIVERTISSEMENT.

    L'Ecrivain vu par le cinéma : LES SOEURS BRONTE.

    Les Jeudis du Polar : « Spécial Jim Thompson » : François GUERIF (éditeur) présente GUET-APENS ; Marc VILLARD présente SERIE NOIRE.

    Les Rencontres : Zoé VALDES (LOLITA), Thomas CLERC (L'ARMEE DES OMBRES).

    Lecture : Marie RIVIERE lit « Les Morts se taisent » de Schniztler avant EYES WIDE SHUT.

     

    Semaine 3 : du 25 au 31 janvier

    Grands classiques : LA RONDE, LE DECAMERON, LOOKING FOR RICHARD, HAMLET, LA MARQUISE D'O, LA MAISON ET LE MONDE

    L'Ecrivain scénariste et  cinéaste : DROLE DE DRAME, NE TOUCHEZ PAS LA HACHE.

    Les Jeudis du Polar : Jean-Hugues OPPEL présente WINTER'S BONE ; TIREZ SUR LE PIANISTE.

    Les Rencontres : Eric LAURRENT (SADE - en présence de Benoît Jacquot, sous réserve), Maylis de KERANGAL (VANYA, 42ème RUE).

    Séance exceptionnelle : Les problématiques de l'adaptation par Alain Garel.

     

    Semaine 4 : du 1er au 7 février

    Grands classiques : LA NUIT DE L'IGUANE, LE ROUGE ET LE NOIR, LA RONDE DE L'AUBE, OLIVER TWIST, LE PLAISIR, LES 4 CAVALIERS DE L'APOCALYPSE.

    L'Ecrivain scénariste et cinéaste : Z, ESPOIR.

    L'Ecrivain vu par le cinéma : HENRY & JUNE.

    Les Jeudis du Polar : LA NUIT DU CHASSEUR.

    Les Rencontres : Tanguy VIEL (COMME UN TORRENT), Dominique BARBERIS (LES VESTIGES DU JOUR).

    Lecture : Irène JACOB lit des extraits d'« Ecrire » de Marguerite Duras avant NATHALIE GRANGER.

     

    Semaine 5 : du 8 au 14 février

    Grands classiques : LE TEMPS D'AIMER ET LE TEMPS DE MOURIR, LES LIAISONS DANGEREUSES, DUELLISTES, LE SILENCE DE LA MER.

    L'Ecrivain scénariste et cinéaste : LE ROMAN D'UN TRICHEUR.

    L'Ecrivain vu par le cinéma : CASANOVA, UN ADOLESCENT A VENISE.

    Les Jeudis du Polar : PAS D'ORCHIDEES POUR MISS BLANDISH.

    Week-end d'hommage à Françoise SAGAN (en présence de Denis WESTHOFF) : BONJOUR TRISTESSE, SAGAN, LES FOUGERES BLEUES (précédé du court-métrage ENCORE UN HIVER), LANDRU.

    Lecture : Mathias MEGARD lit des extraits du Cas Jekyll de Christine Montalbetti et des Carnets de Stevenson avant DOCTEUR JEKYLL ET MISTER HYDE.

    Séance exceptionnelle : Leçon de cinéma d'Alain Garel sur MORT A VENISE.

     

    Clôture : le 14 février

    Programmation en cours

     

    La Filmothèque du Quartier Latin

    9, rue Champollion - 75005 Paris - France - Tél. 01 43 26 70 38

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  • Après les 4 blogs, découvrez "In the mood - Le Magazine" !

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    Après les 4 blogs (sur lesquels je continuerai à écrire autant), découvrez "In the mood - Le Magazine":

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  • Critique- Sortie DVD- "I'm still here" de Casey Affleck avec Joaquin Phoenix

    Ce 24 novembre est sorti en DVD "I'm still here" de Casey Affleck avec Joaquin Phoenix. Une bonne occasion de le découvrir si vous l'aviez manqué lors de sa sortie. Retrouvez ma critique ci-dessous.

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    C'est dans le cadre du dernier Festival Paris Cinéma que j'avais découvert en avant-première « I’m still here » de Casey Affleck (dont c’est le premier film en tant que réalisateur, acteur exceptionnel notamment dans « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » d’Andrew Dominik ou dans « Gone baby gone » de son frère Ben Affleck) et Tom Blomquist… quelques jours après avoir revu « Two lovers » de James Gray (ma critique en bonus en bas de cet article) dans le cadre de ce même festival.  « I’m still here » a déjà été présenté dans plusieurs festivals et non des moindres puisqu’il figurait en sélection officielle de la Mostra de Venise et du Festival International de Toronto.

    C’est justement après la fin du tournage de « Two lovers » que Joaquin Phoenix a (vraiment) annoncé qu’il voulait arrêter sa carrière pour… se consacrer à la musique. C’est son beau-frère Casey Affleck qui immortalise ces instants, pendant deux ans, de l’explication de ses motivations … à sa descente aux enfers…ou plutôt disons qu’il feint d’immortaliser ces instants puisque tout cela n’est que fiction même si pendant deux ans Joaquin Phoenix a tout fait pour (nous) laisser croire qu’il s’agissait de la réalité.

    Ce style hybride (apparent documentaire mais vraie fiction), ce jeu constant sur les frontières entre fiction et réalité ( il manipule la réalité comme les médias manipulent sa réalité) en font à la fois un film fascinant et agaçant, humble et présomptueux ; en tout cas un objet filmique singulier posant des questions passionnantes sur le statut de l’image (au double sens du terme d’ailleurs : image cinématographique et image de l’artiste).

     « I’m still here » est fascinant en ce qu’il dresse finalement bien moins le portrait d’un homme que celui de la société qui le regarde mais c’est en cela que c’est aussi effrayant d’ailleurs.  Barbe, cheveux hirsutes, tenue vestimentaire improbable et hygiène aléatoire : sa métamorphose physique s’accompagne d’une descente aux enfers mais,  plus que spectacle de sa propre déchéance, nous assistons  finalement davantage au spectacle de ceux qui regardent et se délectent de cette déchéance avec mépris, cynisme, voracité. Voracité médiatique mais aussi voracité du public. Une scène en est particulièrement significative : tandis que sur scène il ânonne tant bien que mal un pseudo rap aux paroles aussi nombrilistes qu’insultantes envers le public, et dramatiquement drôles, une marée de téléphones portables immortalise l’instant sans vergogne... et sans broncher.  Scène édifiante, cynique, dérangeante,  et finalement insultante pour le spectateur, miroir du public carnassier qui assiste à cette scène et se glorifie d’y assister. Parce que ne nous y trompons pas : s’il feint de se ridiculiser, de caricaturer l’artiste en pleine décadence,  c’est finalement lui, Joaquin Phoenix, qui en sort avec le beau rôle, paradoxalement le sien, celui de l’innocent broyé par un système face à notre inertie et notre délectation coupables.

     Certes, avant le spectateur, c’est le flux dévorant d’images médiatiques qui se nourrit sans recul de ses excès (drogue, sexe, humiliations : rien ne nous est épargné), qui absorbe sans s’interroger ou se remettre en questions, que stigmatise cette fiction aux airs trompeurs de documentaire mais c’est aussi le spectateur ou le citoyen lambda avec son téléphone portable qui en devient le complice ou l’instigateur. C’est alors faire preuve d’une certaine condescendance à l’égard du public : un public aveugle, crédule, manipulateur (d’images) manipulé et doublement manipulé. Manipulé dans le spectacle que Joaquin Phoenix lui a donné à voir pendant deux ans mais aussi manipulé dans celui qui se déroule sur l’écran. Seulement, si pour la première manipulation la supercherie a parfaitement fonctionné, la seconde (même pour un spectateur ignorant de l’histoire et du caractère fallacieux du documentaire) laisse trop souvent entrevoir son dispositif (rôle trop écrit de Puff Daddy et présence préalable de la caméra alors que celui-ci feint la surprise devant la présence de Joaquin Phoenix) pour que la manipulation fonctionne parfaitement puisque volonté de manipulation il y a bel et bien, le film étant qualifié de « documentaire ».   Il fallait en tout cas beaucoup d’audace, de détermination, de folie (ou plutôt au contraire de raison) pour continuer à jouer le jeu même pendant la promotion d’un sublime film comme « Two lovers » dont on ne peut s’empêcher de penser que ce buzz médiatique lui a nui.

     N’en demeure pas moins un film très malin dont le début fait intelligemment écho à la fin mais aussi au dernier rôle Joaquin Phoenix (de Leonard dans « Two lovers » qui au début du film se jette à l’eau) qui se jette aussi à l’eau (là aussi dans les deux sens du terme), accentuant les résonances entre fiction et (semblant de) réalité. Et si dans la fiction « Two lovers » cela a fait revenir  son personnage à la réalité, ici cela lui permet de tuer ce personnage qu’il a endossé pendant deux ans lors d’une très belle scène finale. D’ailleurs « I’m still here » contient plusieurs très beaux plans de cinéma qui signent la naissance d’un vrai cinéaste.

     Le scénario est finalement très habile, et même cyniquement drôle, parfois au détriment de ceux qui en sont les complices plus ou moins volontaires Malgré son narcissisme, sa condescendance, « I’m still here » est une œuvre passionnante, audacieuse, un saut dans le vide , une mascarade, une manipulation, une « performance artistique », un pied-de-nez à un afflux abêtissant d’images qu’il interroge intelligemment d’autant plus à une période où une affaire dont on ne sait plus très bien si elle est fiction ou réalité se déroule là aussi sur les yeux lunatiques, dévorants, carnassiers des médias et de citoyens devenus public.   Un film aussi malin que le « Pater » d’Alain Cavalier (même si je préfère et de loin celui de Casey Affleck), l’un et l’autre mettant en scène la réalité, un simulacre de réalité dont le réalisateur est le manipulateur et le spectateur la marionnette, victime d’images dont il est d’habitude le coupable, vorace et impitoyable filmeur. Une brillante inversion des rôles. Une démonstration implacable. A voir.

    Sachez enfin que Joaquin Phoenix (est-il besoin de l’ajouter, ici, remarquable) sera prochainement à l’affiche des films de James Franco, Steven Shainberg, Paul Thomas Anderson.

     Sortie en salles : le 13 juillet.

    Critique de "Two lovers" de James Gray

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     « Two lovers » sera également projeté au mk2 bibliothèque, vendredi 8  juillet, à 14H45.

     Direction New York, ville fétiche du cinéma de James Gray, où, après avoir tenté de se suicider,  un homme hésite entre suivre son destin et épouser la femme que ses parents ont choisie pour lui, ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, belle, fragile et inconstante, dont il est tombé éperdument amoureux, un amour dévastateur et irrépressible.

    L’intérêt de « Two lovers » provient avant tout des personnages, de leurs contradictions, de leurs faiblesses. Si James Gray est avant tout associé au polar, il règne ici une atmosphère de film noir et une tension palpable liée au désir qui s’empare du personnage principal magistralement interprété par Joaquin Phoenix avec son regard mélancolique, fiévreux, enfiévré de passion, ses gestes maladroits, son corps même qui semble  crouler sous le poids de son existence, sa gaucherie adolescente.

    Ce dernier interprète le personnage attachant et vulnérable de Leonard Kraditor (à travers le regard duquel nous suivons l’histoire : il ne quitte jamais l’écran), un homme, atteint d'un trouble bipolaire (mais ce n'est pas là le sujet du film, juste là pour témoigner de sa fragilité) qui, après une traumatisante déception sentimentale, revient vivre dans sa famille et fait la rencontre de deux femmes : Michelle, sa nouvelle voisine incarnée par Gwyneth Paltrow, et Sandra, la fille d’amis de ses parents campée par l’actrice Vinessa Shaw. Entre ces deux femmes, le cœur de Leonard va balancer…

    Il éprouve ainsi un amour obsessionnel, irrationnel, passionnel pour Michelle. Ces « Two lovers » comme le titre nous l’annonce et le revendique d’emblée ausculte  la complexité du sentiment amoureux, la difficulté d’aimer et de l’être en retour, mais il ausculte aussi les fragilités de trois êtres qui s’accrochent les uns aux autres, comme des enfants égarés dans un monde d’adultes qui n’acceptent pas les écorchés vifs. Michelle et Leonard ont, parfois, « l’impression d’être morts », de vivre sans se sentir exister, de ne pas trouver « la mélodie du bonheur ».

    Par des gestes, des regards, des paroles esquissés ou éludés, James Gray  dépeint de manière subtile la maladresse touchante d’un amour vain mais surtout la cruauté cinglante de l’amour sans retour qui emprisonne ( plan de Michelle derrière des barreaux de son appartement, les appartements de Leonard et Michelle donnant sur la même cour rappelant ainsi « Fenêtre sur cour » d’Hitchcock de même que la blondeur toute hitchcockienne de Michelle), et qui exalte et détruit.

    James Gray a délibérément choisi une réalisation élégamment discrète et maîtrisée et un scénario pudique et  la magnifique photographie crépusculaire de Joaquin Baca-Asay qui procurent des accents lyriques à cette histoire qui aurait pu être banale,  mais dont il met ainsi en valeur les personnages d’une complexité, d’une richesse, d’une humanité bouleversantes.  James Gray n’a pas non plus délaissé son sujet fétiche, à savoir la famille qui symbolise la force et la fragilité de chacun des personnages (Leonard cherche à s’émanciper, Michelle est victime de la folie de son père etc).

     Un film d’une tendre cruauté, d’une amère beauté, et parfois même d'une drôlerie désenchantée,  un thriller intime d’une vertigineuse sensibilité à l’image des sentiments qui s’emparent des personnages principaux, et de l’émotion qui s’empare du spectateur. Irrépressiblement. Ajoutez à cela la bo entre jazz et opéra ( même influence du jazz et même extrait de l’opéra de Donizetti, L’elisir d’amore, « Una furtiva lagrima » que dans  le chef d’œuvre de Woody Allen « Match point » dans lequel on retrouve la même élégance dans la mise en scène et la même "opposition" entre la femme brune et la femme blonde sans oublier également la référence commune à Dostoïevski… : les ressemblances entre les deux films sont trop nombreuses pour être le fruit du hasard ), et James Gray parvient à faire d’une histoire a priori simple un très grand film d’une mélancolie d’une beauté déchirante qui nous étreint longtemps encore après le générique de fin. Trois ans après sa sortie : d’ores et déjà un classique du cinéma romantique.

     
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  • Dernier week end pour profiter des expositions "Planche(s) contact" à Deauville

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    Ci-dessus, quelques unes de mes photos prises à Deauville le 29 octobre dernier...

    Rappelez-vous: fin octobre j'avais été invitée à Deauville pour le très beau nouveau festival de la photographie "Planche(s) contact". Ce week end est le dernier pour profiter des expositions, je vous engage à en profiter! Retrouvez mon compte-rendu complet à ce sujet: "Compte-rendu du Festival Planche(s) contact 2011: les 1000 visages d'une beauté versatile et mélancolique."

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