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CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE(2004 à 2007) - Page 8

  • Le film de la semaine du 16 novembre recommandé par "Mon festival du cinéma"

    Demain sort un de mes coups de coeur, un coup de foudre même, du festival de Cannes 2005: Three Times de Hou Hsiao Hsien , un film que je vous recommande vivement, et tout particulièrement à tous ceux qui avaient succombé à la langueur mélancolique de In the mood for cinéma.
    Retrouvez ma critique de "Three times" en avant-première dans mon compte-rendu du festival de Cannes 2005. (résumé du vendredi  20 Mai).

    Sandra.M

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  • Les films à voir cette semaine

    Demain sortent deux films très différents que vous recommande "Mon festival du cinéma". Deux films très différents ...quoique...Evidemment, s'il s'agit d'évoquer la médiatisation (gargantuesque pour l'un, invisible pour l'autre) ou leur traitement, ces deux films sont radicalement différents, en revanche des deux émane un véritable propos pacifiste même si les temps et les lieux ne sont pas les mêmes. Dans les deux il est question d'absurdité de la guerre... Deux regards, deux époques, deux guerres mais aussi deux films bouleversants. Les deux  ont  aussi effectué un passage mémorable à Cannes, l'un a reçu le prix d'interprètation féminine amplement mérité, l'autre a reçu l'accueil le plus chaleureux du festival (un moment rare comme si l'exaltation présente dans le film s'était emparée du -pourtant très difficile- public cannois)...tout aussi mérité autant pour son lyrisme que cette belle fraternité que sa magnifique affiche symbolise. Deux films d'une belle humanité, salvatrice en cette période tourmentée...

    Il s'agit de Joyeux Noël de Christian Carion et de Free Zone d'Amos Gitaï. Vous pouvez retrouver mes évocations de ces deux films dans mon compte-rendu du festival de Cannes 2005. 

    Vous pouvez également y retrouver ma critique de Manderlay , la désarçonnante fable de Lars Von Trier qui sort également demain.

    Sandra.M

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  • L'autre film de la semaine: "Je ne suis pas là pour être aimé" de Stéphane Brizé

    Me souvenant du premier film de Stephane Brizé Le bleu des villes qui avait reçu le prix Michel d’Ornano 1999, je tenais absolument à découvrir ce second long-métrage du réalisateur. Réminiscences espérées d’un film dont je gardais une excellente impression ? Réminiscences espérées de l’atmosphère enchanteresse du lieu où j’avais vu ce précèdent film et de tant de souvenirs aussi : celle et ceux du festival du film américain de Deauville 1999 ? Mystères de l’inconscient. Toujours est-il que je me retrouvai, non pas dans la salle de cinéma du casino de Deauville mais au cinéma Saint-André des Arts, dans une salle au public plus que clairsemé…forcément eu égard au peu d'échos médiatiques de ce film qui en aurait pourtant mérité.

    Du Bleu des villes je me souvenais d’une histoire universelle, de personnages touchants, dépeints sans manichéisme simplificateur, juste humains, ambivalents, aspirant à une vie meilleure, différente en tout cas. Je me souvenais aussi d’une esquisse assez juste de la province. Tous ces éléments se retrouvent d’ailleurs dans Je ne suis pas là pour être aimé . Les premiers plans nous font suivre Jean-Claude Delsart (Patrick Chesnais) qui monte l’escalier d’un immeuble, essoufflé, haletant, lassé. Essoufflé par la situation autant que par sa vie. Comme la protagoniste du Bleu des villes il a un métier a priori plutôt ingrat (huissier de justice),il ne nous apparaît pas « aimable » (dans les deux sens du terme)d’emblée. Sa vie routinière, monotone, se partage entre le cadre claustrophobique de son étude, grisonnante, voire sinistre, et celle de la chambre de la maison de retraite de son père, un père irascible. Et puis un jour la fenêtre de son étude s’ouvre et de là on découvre l’appartement qui lui fait face, s’y oppose même : celui où sont donnés des cours de tango dans une ambiance chaleureuse. Les couleurs du lieu sont aussi chaudes que celles de l’étude sont froides, la musique emplit autant le lieu que le silence de l’étude la vide. Une fenêtre s’ouvre aussi dans son existence. Ses désirs, ses échecs enfouis se réveillent soudain, ses « bleus » à l’âme aussi. Dans un douloureux silence. Son médecin lui a recommandé de faire de l’exercice à cause de son cœur, un cœur fatigué : il s’inscrit donc au cours de tango. Même s’il n’est initialement pas « là pour être aimé », c’est pourtant ce qui va arriver. Malgré lui. Comme une évidence. Sous les traits d'une jeune femme sur le point de se marier : Fanfan (Anne Consigny).

     Là pourrait avoir été résumé tout le film, pourtant c’est bien plus que cela. Quelle danse plus sensuelle que le tango ? C’est avec cette même sensualité que Stephan Brizé filme ses personnages, filme celle qui s’empare peu à peu d’eux, un trouble imperceptible capté par la caméra : une main qui progressivement se rapproche d’une épaule, le frémissement d’un visage, et sans dialogues, le temps d’une danse, par son talent de réalisateur et par celui de son acteur principal, une histoire qui naît de manière indicible, avec la noblesse du silence.

    Les scènes dialoguées sont tout aussi réussies : percutantes, cruelles parfois (scènes de famille de la future mariée en proie aux doutes, scènes avec son père, etc) aux accents de réalité indéniables. L’histoire d’un « cœur en hiver » (la référence est plus qu’élogieuse de ma part : un de mes films préférés ) qui se remet peu à peu à battre, à exister. La profonde humanité avec laquelle Brizé décrit ses personnages n’est d’ailleurs pas sans rappeler le style du réalisateur précité.

    On pourrait lui reprocher un scénario prévisible mais son talent nous le fait bien vite oublier: il filme la polysémie des silences, des visages, comme personne. Un film d’une tendre cruauté, d’une subtile drôlerie, d’une belle humanité, sans théâtralité ni grandiloquence mais dont la mélancolie vous charme insidieusement, subrepticement comme ce tango qui rapproche peu à peu les personnages et dont la musique exaltante vous poursuivra longtemps après le générique de fin.…

     Sandra Mézière

    Film encore projeté au Saint-André des arts, à l'UGC Rotonde Montparnasse, à l'UGC triomphe, au Gaumont Opéra français, à l'UGC ciné cité Bercy, et au Studio 28.

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  • Le film de la semaine : « Match point » de Woody Allen

    Un film de Woody Allen c’est un peu comme l’étaient les films de Melville, de Sautet, de Hitchcock et de quelques autres, aussi diamétralement opposés que soient leurs styles, qu’ils soient excellents (ils le sont presque toujours) ou un peu moins, nous savons d’avance dans quel genre de film, dans quelle forme filmique nous allons nous plonger, avec délectation d’ailleurs, car c’est aussi, surtout, pour cela que nous y allons : le signe distinctif d’un cinéaste immédiatement reconnaissable. Cette fois pourtant, tout en excellant dans son domaine, plus que d’habitude encore peut-être, Woody Allen réussit à nous surprendre, en s’affranchissant des quelques « règles » qui le distinguent habituellement : d’abord en ne se mettant pas en scène, ou en ne mettant pas en scène un acteur mimétique de ses tergiversations existentielles, ensuite en quittant New York qu’il a tant sublimée. Cette fois, il a en effet quitté Manhattan pour Londres, Londres d’une luminosité obscure ou d’une obscurité lumineuse, en tout cas ambiguë…cadre idéalement paradoxal pour ce jeune prof de tennis d’origine modeste embauché dans un club huppé où il sympathise avec le fils d’une riche famille, tout en s’éprenant d’abord de sa sœur, ou du moins en feignant de s’en convaincre, à défaut de nous en convaincre,…avant de rencontrer la fiancée de ce dernier, actrice sans emploi de son état, rencontre qui engendre une passion suffocante. Raconter ainsi « Match point » serait décrire une histoire de passion parmi d’autres (passion dont il filme d’ailleurs et néanmoins brillamment la frénésie claustrophobique que sa caméra épouse, et l’irrationalité ) pourtant dès le début s’immisce une fausse note presque imperceptible, sous la forme d’une récurrente thématique pécuniaire, symbole du mépris insidieux, souvent inconscient, que la situation sociale inférieure du jeune prof de tennis suscite chez sa nouvelle famille, et du sentiment d’infériorité que cela suscite chez lui, fausse note qui va aller crescendo jusqu’à la dissonance paroxystique, dénouement de cet opéra filmique, forcément tragique, forcément grandiloquent.

    C’est aussi le film des choix cornéliens, d’une balle qui hésite entre deux camps : celui de la passion d’un côté, et de l’amour, voire du devoir, de l’autre croit-on d’abord, celui de la passion d’un côté et de la réussite sociale de l’autre réalise-t-on progressivement. C’est aussi donc le match de la raison et de la certitude sociale contre la déraison et l’incertitude amoureuse. A travers le regard de l’étranger à ce monde, Woody Allen dresse le portrait acide de la « bonne » société londonienne avec un cynisme chabrolien auquel il emprunte d’ailleurs une certaine noirceur et une critique de la bourgeoisie digne de  La cérémonie que le dénouement rappelle d’ailleurs.

    Le talent du metteur en scène réside également dans l’identification du spectateur au héros et à son malaise croissant qui, aussi odieuse soit-elle, trouve finalement la résolution du choix cornélien inéluctable. En ne le condamnant pas, en mettant la chance de son côté, la balle dans son camp, c’est finalement notre propre aveuglement ou celui d’une société éblouie par l’arrivisme que Woody Allen stigmatise. Parce-que s’il aime la jeune actrice, il aime plus encore l’image de lui-même que lui renvoie son épouse : celle de son ascension.

    Il y a aussi du Renoir dans ce Woody Allen là qui y dissèque les règles d’un jeu social, d’un match fatalement cruel. Woody Allen signe un film d’une férocité jubilatoire, un film cynique sur l’ironie du destin, l’implication de la chance, chance qui se trouvait déjà au centre de  La fille sur le pont  de Leconte. Le fossé qui sépare le traitement de ce thème dans les deux films est néanmoins immense : le hiatus est ici celui de la morale puisque dans le film de Leconte cette chance était en quelque sorte juste alors qu’elle est ici amorale, voire immorale, …pour notre plus grand plaisir. C’est donc l’histoire d’un crime sans châtiment dont le héros, sorte de double de Raskolnikov, est d’ailleurs un lecteur assidu de Dostoïevsky, tout comme Woody Allen à en croire une partie la trame du récit qu’il lui « emprunte ».

    La réalisation de Woody Allen a ici l’élégance perfide de son personnage principal. Le film, d’une noirceur inhabituelle chez le cinéaste, s’achève par une balle de match grandiose au dénouement d’un rebondissement magistral qui par tout autre serait apparu téléphoné mais qui, par le talent de Woody Allen et de son scénario ciselé, apparaît comme une issue d’une implacable et sinistre logique. Un match palpitant, incontournable, inoubliable. Un chef d’œuvre de cynisme, le témoignage d’un regard désabusé et d’une grande acuité sur les travers de notre époque, cynique parfois malgré elle... Malgré elle ?

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    Sandra Mézière

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  • « Le filmeur » d’Alain Cavalier, film et débat au cinéma Saint-André des Arts

    A une époque où les images qui nous sont proposées, imposées même parfois, sont pléthoriques, souvent vaines et synonymes de vacuité, à une époque de zapping consumériste incessant, le film d’Alain Cavalier devient une promenade lénifiante, nous rassérénant même, et pourtant parfois inquiétante aussi. Certes le chemin est d’abord escarpé pour nos regards habitués à papillonner et à passer d’une image à l’autre à la vitesse de l’éclair, mais peu à peu son univers qui, de prime abord peut agacer, nous aspire ensuite, nous inspire même puisque le spectateur est un peu acteur, un peu « filmeur »lui aussi, lui tellement habitué à une passivité abêtissante,… et finalement nous envoûte. Malgré nos réticences initiales, malgré nos fameuses habitudes consuméristes donc.

     

    Le « filmage » a duré 11 ans, 11 années pendant lesquelles Alain Cavalier a filmé son quotidien, figé un présent normalement condamné à l’évanescence, filmé ces instants de grâce que seule la réalité sait inventer, inviter à nos regards, nos regards au début un peu réticents, qui sont progressivement charmés puis hypnotisés comme des prisonniers de l’obscurité qui peu à peu s’habitueraient à la lumière et ne pourraient finalement plus s’en passer. Instantanés qui se confrontent, se répondent, sous l’œil incisif du filmeur qui, presque 80 ans après, réinvente et modernise ce fameux « homme à la caméra » initié par Vertov. Ce qui aurait pu être impudique, racoleur, narcissique est au contraire une œuvre d’une grande générosité dans laquelle Cavalier nous fait partager la poésie volée au quotidien par l’acuité de son regard. Comme personne il sait déceler la beauté fortuite du quotidien, la singularité derrière l’apparente banalité. L’angoisse aussi, jamais soulignée ou grandiloquente. Non, parfois juste elliptique, parfois dédramatisée par l’humour de Cavalier mais néanmoins là. Par une image allusive parfois ou plus frontale comme celle du père sur son lit de mort. Ou celle du visage rieur de sa mère, omniprésente, ou celle de sa main posée sur la sienne. Vibrant témoignage d’amour à cette dernière, un des fils conducteurs du film. Il sait être judicieusement elliptique là ou d’autres auraient été exagérément insistants. Vie et mort indissociables comme les deux faces d’un même visage, en l’occurrence aussi le sien, opéré, si signifiant sans qu’il soit nécessaire de rajouter un commentaire qui aurait appauvri l’image, son visage lui aussi filmé frontalement, là enfin, là seulement. Gravité et drôlerie s’entrelacent donc constamment : les deux faces de l’existence. Parfois même furtivement, l’angoisse de la réalité nous saisit comme cette page si sombre de l’Histoire à laquelle renvoient quelques pages manuscrites.

     

    Journal filmique intime à la fois intemporel et ancré dans la réalité politique comme lorsque sur les images d’un feu de cheminée les informations télévisées annoncent la mort de Massoud tué par la même caméra (piégée celle-là) que celle avec laquelle Cavalier filme alors. Ironie, cynisme même, du réel qu’une fiction ne saurait inventer. Une œuvre riche, dont l’intensité n’est pas perceptible d’emblée mais vous envahit peu à peu comme s’impose la magie du quotidien par le prisme de sa caméra subjective. Avec évidence. Une mine d’or cinématographique dérobée au quotidien et dont Cavalier est l’insatiable et non moins talentueux chercheur et (car) iconoclaste. Indéniablement.

     

    Vous décrire ces instants immortalisés, ces diamants ciselés dans le quotidien en amoindrirait la beauté fulgurante, je vous invite à les découvrir, et à suivre sa route qui vous conduira de Claude Sautet à Romy Schneider, de poules en écureuils, de chambres d’hôtels en jardins amputés, de fruits frais en fruits pourris, de Bach aux tintements de cloches etc et surtout de la gravité à la légèreté, ou plutôt à la gravité, la profondeur, derrière la légèreté.

     

    Comme chaque soir pendant une semaine à la projection a succédé une rencontre avec le réalisateur. Passionné. Passionnant. Epris de cette liberté dont son mode filmique économique lui permet de jouer et de jouir...et de nous réjouir. Après un débat de plus d’une heure, le silence revient dans la salle, s’impose, comme ces images qui s’imposent au filmeur presque malgré lui, mais nul doute que ce qui a précédé ce silence-là, au moment de faire notre film de la journée, d’en sélectionner nos instantanés mémorables, une fois le soir venu, ces instants y figureront. En première place.

     

    Dépêchez-vous…il vous reste encore quelques jours pour profiter du débat qui succède au film, au cinéma Saint-André des Arts, rue Saint-André des Arts, Paris 6ème.

    Projections de 20H suivies d’un débat avec le réalisateur.

     

    A noter: Alain Cavalier sera le premier invité des "Caméras subjectives", rencontres organisées par les étudiants du Master 2 professionnel scénario, réalisation, production de la Sorbonne, le mardi 29 octobre de 19H à 21H, au centre Saint-Charles, dans le 15ème, rue des Bergers. A noter également que l'invité suivant sera Claude Miller le 6 décembre.

     

    Vous avez vu ce film et/ou le débat ? N’hésitez pas à laisser vos commentaires

     

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    Sandra Mézière

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  • Les films de la semaine


    Cette semaine "Mon festival du cinéma" vous recommande tout particulièrement Les noces funèbres de Tim Burton et  L'enfant des frères Dardenne. Pour le premier retrouvez ma critique dans mon compte-rendu du festival du film américain de Deauville 2005 et pour le second retrouvez ma critique dans mon compte-rendu du festival de Cannes 2005.

    Par ailleurs le Centre Wallonie Bruxelles à Paris projette actuellement l'intégrale Dardenne jusqu'au 25 octobre.

    Vous pouvez également toujours voter pour mon autre blog "In the mood for cinema" qui participe au concours du meilleur blog cinéma organisé par blogspirit et BNP Paribas .

    Sandra.M

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  • Le film "fascinant" de la semaine: "Entre ses mains"d'Anne Fontaine

    Fascination. Voilà probablement le terme qui définirait le mieux le dernier film d’Anne Fontaine. Celle qu’exerce sur Claire (Isabelle Carré), assureur, Laurent, le singulier vétérinaire (Benoît Poelvoorde), venu déclarer un sinistre. Celle qu’exerce sur le spectateur ce film troublant et son duo d’acteurs étonnants. C’est bientôt Noël, c’est à Lille et un tueur en séries sévit depuis quelques jours. Leur rencontre se déroule a priori dans un cadre anodin mais peu à peu la quotidienneté va laisser la place à l’étrangeté d’une relation magnifiquement tragique…

    Progressivement, la caméra vacille et bascule avec Claire dans l’inéluctable, l’inénarrable. Progressivement elle va se retrouver aussi fragile qu’un animal blessé entre ses mains. Des mains qui soignent. Des mains qui tuent peut-être. Des mains qui hypnotisent. Poelvoorde incarne ici ce fauve face à son animalité, ce prédateur de femmes, qui comme les lions qu’il soigne fascinent et effraient. Telle est aussi Claire, (parfaite Isabelle Carré) fascinée et effrayée, blonde hitchcockienne dans l’obscurité tentatrice et menaçante, tentée et menacée. Guidée par une irrépressible attirance pour cet homme meurtri, peut-être meurtrier. Cet homme qui ne cherche pas le bonheur. Juste l’instant. Comme celui de leurs mains qui se frôlent ; de leurs silences et leurs fêlures qui les rapprochent, hors de leur tragique ou quotidienne réalité. Encore une fois Anne Fontaine explore l’irrationalité du désir avec subtilité et avec un salutaire anticonformisme. Benoît Poelvoorde, bouleversant, bouleversé, sidérant, exprime avec nuance l’ambivalence de ce personnage qui tue et donne à Claire le sentiment d’être vivante, qui devrait nous répugner et dont nous comprenons pourtant, (grâce au jeu des deux comédiens et grâce une subtile mise en scène centrée sur les silences et les regards) l’irrépressible sentiment qu’il inspire à Claire qui se met à chanter, à danser. A exister. Anne Fontaine dissèque brillamment chaque frémissement, chaque tremblement dans cette tranquille ville de Province soudainement en proie à la violence comme la tranquille Claire est en proie (la proie aussi) à celle de ses désirs. Les regards hésitants, égarés, déstabilisants, déstabilisés, de Poelvoorde, expriment une pluralité de possibles, l’impensable surtout. L’amour impossible est ici en effet amour impensable. Un film effroyablement envoûtant, dérangeant. Captivant. Fascinant, définitivement.

    Sandra.M

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