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  • Critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Joseph L.Mankiewicz

    La comtesse aux pieds nus, Ava Gardner, cinéma, film, Humphrey Bogart

    Ce film fait partie de mes premiers souvenirs cinématographiques,  des premiers films m’ayant marquée, en tout cas,  et que je n’avais pas revu depuis un moment :  « La Comtesse aux pieds nus » (en vo « The Barefoot Contessa »), un film de 1954 de Joseph L.Mankiewicz, écrit, réalisé et produit par Joseph L.Mankiewicz (avec Franco Magli, pour la production), ce qui est loin d’être un simple détail puisque « La Comtesse aux pieds nus » est la première production de Joseph L.Mankiewicz qui s’était ainsi affranchi de la tutelle des grands studios américains (Il avait auparavant réalisé des films pour la 20th Century-Fox et pour la Metro-Goldwyn-Mayer.) en fondant sa propre société « Figaro Inc. ».

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     Ce film fit parler de lui bien avant sa sortie en raison des similitudes du scénario avec la vie de Rita Hayworth (star de la Columbia) parmi d’autres similitudes frappantes avec le cinéma d’alors comme la ressemblance entre l’antipathique Kirk Edwards et Howard Hughes. Le rôle fut même proposé à Rita Hayworth qui,  en raison de la ressemblance avec sa propre existence justement, refusa.

    « La Comtesse aux pieds nus » débute, en Italie, un sinistre jour de pluie à l’enterrement de la star hollywoodienne Maria d'Amato née Maria Vargas (Ava Gardner). Le scénariste et réalisateur Harry Dawes (Humphrey Bogart) se souvient de   leur première rencontre alors qu’elle travaillait comme danseuse, dans un cabaret de Madrid, alors que ce dernier cherchait une nouvelle vedette pour le compte du producteur et milliardaire Kirk Edwards (Warren Stevens). Face à la statue de Maria, aux pieds symboliquement dénudés, alternent ensuite les récits d’Oscar Muldoon (Edmond O’Brien), l’agent de publicité, de Harry Dawes et de son mari, le comte Vincenzo Torlato-Favrini (Rossano Brazzi) qui dissimule un douloureux secret…à cause duquel Maria perdra ses dernières illusions, et la vie.

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    Dès le départ, le récit est placé sous le sceau de la fatalité et de la tragédie. La pluie implacable. L’enterrement sous un ciel grisâtre. L’atmosphère sombre. La voix poignante et traînante d’Humphrey  Bogart. Cette statue incongrue, d’une blancheur immaculée. La foule qui se presse, vorace, pour assister à sa dernière scène, ultime cynique ironie du destin pour Maria, éprise d’absolu et de liberté, qui voit même son enterrement lui échapper, en tout cas l’enfermer dans un rôle, chacun, là encore, cherchant à se l’approprier.

    Au-delà de ses ressemblances avec des personnalités ayant réellement existé, « La Comtesse aux pieds nus » est un classique pour de nombreuses raisons, à commencer par l’originalité de sa construction, ses flashbacks enchâssés qui permettent d’esquisser un portrait de Maria qui, malgré tout, reste d’une certaine manière insaisissable. Ces récits sont encore une fois une manière de se l’approprier, de l’enfermer, de décrire « leur » Maria même si Harry Dawes lui voue une amitié sincère, seul personnage réellement noble, désintéressé, au milieu de ces univers décadents. Mankiewicz avait déjà utilisé ce procédé dans « Eve », autre chef d’œuvre sans concessions, sur l’univers du théâtre cette fois, et démonstration cruelle mais terriblement juste sur l’arrivisme (j’en ai observé un rayon dans ce domaine...).

    Mankiewicz décrit en effet, à travers le parcours de Maria (trois portraits d’une même femme) trois univers distincts : celui du cinéma hollywoodien, des grandes fortunes sur la Riviera  et de l’aristocratie italienne, trois univers à la fois dissemblables et semblables dans leur décadence, tous trois théâtres de faux-semblants, de lassitude et de désenchantement. Maria, si lumineuse, semble égarée dans ces mondes qui l’emprisonnent.

    Mankiewicz  définissait « La Comtesse aux pieds nus » comme une « version amère de Cendrillon ». Il multiplie ainsi les symboles, clins d’œil au célèbre conte de fée : les chaussures (mais qui ici sont haïes par Maria pour qui elles symbolisent la boue à laquelle elle a  voulu échapper), son rêve d’amour idéalisé, son mariage avec un comte (mais pas vraiment de conte puisqu’il s’avèrera être une tragédie). Le rêve se transforme constamment en amertume jusqu’à sa mort, jusqu’au dernier plan, dans ce cimetière, où, statufiée, emprisonnée dans une image infidèle, elle reste seule face à la foule qui s’éloigne et au cinéma qui reprend ses droits.

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    La photographie (du chef opérateur anglais Jack Cardiff) même (à l’exception des images de l’enterrement) rappelle les couleurs chatoyantes d’un conte de fée, ce qui n’en fait pas pour autant un film suranné mais, au contraire, en fait une oeuvre particulièrement intemporelle dans la description de ces univers, éternels théâtres de vanités même si Mankiewicz dira que « le prince charmant aurait dû, à la fin, se révéler homosexuel, mais je ne voulais pas aller aussi loin" , limitant la modernité du film (même si deux plans y font référence) mais aussi dans la description de la solitude de l’artiste, auréolé de mystère.

    La mise en abîme, les flashbacks, l’intelligence des ellipses, la qualité de la voix off, la juste description de théâtre de faux semblants, les similitudes avec la réalité du cinéma hollywoodien de l’époque, tout cela en fait un classique mais, sans doute, sans les présences d’Humphrey Bogart et d’Ava Gardner n’aurait-il pas laissé une telle empreinte dans l’histoire du cinéma. Le premier interprète à la perfection ce personnage doucement désenchanté, mélancolique, lucide, fidèle, intègre, à la fois figure paternelle, protectrice et même psychanalyste de Maria. Et que dire d’Ava Gardner ? Resplendissante, étincelante, elle illumine le film, empreinte, à  l’image de celui-ci, de beauté tragique, et symbolise la liberté entravée. Personnage de conte de fée aux rêves brisés pour qui rien ne semblait impossible, même transformer la lune en projecteur et qui, peut-être, n’aura été heureuse et elle-même que l’espace d’une danse, sublime et qu’elle sublime,  au milieu de gitans, bohême, libre, animale, sensuelle, et l’instant d’un regard croisé ouvrant sur un océan de possibles.

    Ne pas oublier non plus Edmond O’Brien qui reçut l’Oscar et le Golden Globe du meilleur second rôle masculin, en 1954. Mankiewicz fut, quant à lui, nommé pour la meilleure histoire et le meilleur scénario original.

    En revoyant « La Comtesse aux pieds nus », des années après l’avoir revu de nombreuses fois, j’ai à nouveau été marquée par sa beauté désespérée, par sa justesse, et même par sa modernité, par la voix traînante et inimitable de Bogart, par l’élégance lumineuse et triste d’Ava Gardner, par le mystère de ce personnage noble épris d’absolu, être insaisissable et « féérique», presque irréel, dont, finalement, personne ne sondera les contours. Che sara sara : ce qui doit être sera, vieux dicton italien cité dans le film aux allitérations et assonances (et évidemment à la signification) portant la même beauté traînante et mélancolique que cette « Comtesse aux pieds nus » au destin fatal et à la magie tragique et non moins ensorcelante.

    Voir aussi ma critique de « Casablanca » de Michael Curtiz également avec Humphrey Bogart.

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DE CLASSIQUES DU SEPTIEME ART Pin it! 0 commentaire
  • 10ème anniversaire du Festival Paris Cinéma du 30 juin au 10 juillet 2012: Hong Kong à l'honneur

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    Comme chaque année, vous pourrez suivre le Festival Paris Cinéma sur ce blog ainsi que sur mon nouveau blog http://inthemoodlemag.com , en direct, de l’ouverture à la clôture. Je crois n’avoir manqué aucune édition depuis le début du festival qui fêtera déjà son 10ème anniversaire, du 30 juin au 10 juillet 2012. J'ai ainsi pu en constater la belle évolution.  Comme chaque année le festival vous proposera dans une dizaine de lieux de la capitale quelques 200 films, dont beaucoup d’inédits, en présence de nombreuses personnalités du cinéma. Plus de 70 000 spectateurs se sont ainsi déplacés l’été dernier.

    Comme chaque année vous pourrez assister à la compétition à l’issue de laquelle seront décernés le Prix du Public, le Prix du Jury, le Prix des Blogueurs et le Prix des étudiants. Les films primés recevront une aide pour leur distribution en France.

     Une sélection d’une quarantaine d’avant-premières pour vous permettre de découvrir les grands films de Cannes avant tout le monde, les succès des mois à venir ou pour redécouvrir des classiques du cinéma en copie neuve, en présence des équipes. Chaque année des films de qualité parmi lesquels de nombreux films présentés à Cannes.

      Le festival met chaque année en lumière des personnalités prestigieuses du cinéma mondial en leur présence. Depuis la création du festival, le public a ainsi pu revivre à travers de riches rétrospectives l'œuvre mythique de certains réalisateurs, comme Aki Kaurismäki, Michael Cimino, Jerzy Skolimowski, Oliver Stone ou Francesco Rosi, Sandrine Bonnaire, David Cronenberg Naomi Kawase, Eugène Green, Tsaï Ming-liang ainsi que le parcours de grands comédiens comme Isabella Rossellini, Jeanne Moreau, Nathalie Baye, Jane Fonda, Jean-Paul Belmondo, Jackie Chan, Javier Bardem, Gael Garcia Bernal, Claudia Cardinale, Jean-Pierre Léaud ou Ronit Elkabetz…

    Après la Corée, le Liban, les Philippines, la Turquie, le Japon et le Mexique, le Festival Paris Cinéma, pour célébrer son dixième anniversaire avec faste, célèbrera Hong-Kong. Plus de 80 films, en présence de nombreux invités, pour un hommage où se côtoieront aussi bien des mélodrames des années 50, des films rares de la nouvelle vague, que des inédits de la nouvelle génération du cinéma hongkongais, en présence de nombreux invités.

     Le Festival Paris Cinéma, c’est aussi une série d’événements festifs et ludiques pour vivre le cinéma autrement. La 4e Brocante Cinéma vous sera proposée en entrée libre les samedi 7 et dimanche 8 juillet. D’autres événements seront bientôt dévoilés !

     Du 2 au 4 juillet, le Festival Paris Cinéma invite de nouveau les professionnels internationaux autour de sa plateforme de co-production Paris Project, pour accompagner une sélection de projets et de films étrangers à la recherche de financements français et européens à travers des rendez-vous, projections, conférences et ateliers pratiques.

     Le site officiel du festival pour en savoir plus: http://www.pariscinema.org

    Retrouvez également mes articles sur le Festival Paris Cinéma 2011: http://www.inthemoodforcinema.com/festival-paris-cinema-2011/

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL PARIS CINEMA 2012 Pin it! 0 commentaire
  • Festival International du Film Policier de Beaune 2012: London polar à l'honneur

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    Je vous parle chaque année de ce festival dont ce sera la 4ème édition du 28 mars au 1er Avril 2012, un festival qui succède au Festival du Film Policier de Cognac et qui, en changeant de lieu et de nom, a enrichi sa programmation, chaque année particulièrement attractive.

     Cette année ne devrait vraiment pas déroger à la règle puisque le festival met Londres à l'honneur avec "London polar". A cette occasion des films emblématiques de la ville de Londres et du cinéma policier seront proposés aux festivaliers.

     Je vous en dis bientôt plus et, en attendant, vous laisse découvrir l'affiche officielle du festival.

    Découvrez également le site officiel du festival: http://www.beaunefestivalpolicier.com/ .

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 1 commentaire