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  • "Good Canary " de Zach Helm mis en scène par John Malkovich :une pièce cinématographique et crue-lle

    89fe8546ccd9f5530eef0c187c719b17.jpgAdaptation de Lulu et Michael Sadler

    Décors : Pierre-François Limbosch

    Costumes : Caroline de Vivaise

    Effets spéciaux et lumières : Christophe Grelié

    Musique originale : Nicolas Errera-Ariel Wizman

    Avec Christiana Reali, Vincent Elbaz, Ariel Wizman, José Paul, Jean-Paul Muel, Stéphane Boucher, Bénédicte Dessombz

    J’ai rarement vu des comédiens saluer avec autant de gravité à la fin d’une pièce de théâtre. Et un public applaudir avec autant de gravité, de gravité émue. Comme si les uns et les autres étaient encore plongés dans ce qu’ils venaient de jouer (de vivre ?), ou de voir (de vivre aussi ?).

    Flash-back. 2H30 plus tôt. New York. Milieu des annés 80. Annie (Christiana Reali) ne peut plus supporter le regard des autres. Pourquoi Jacques (Vincent Elbaz), son compagnon éperdument amoureux d’elle, vit-il si mal le succès du roman qu’il vient d’écrire et dont l’histoire sulfureuse et provocatrice semble inspirée d’un passé douloureux ?

    Ce ne sont pas d’abord des comédiens que nous voyons mais des mots (que je vous laisse découvrir) sur des cubes luminescents. Définitifs, avec un peu d’espoir tout de même. Si peu. Des mots graves, presque cruels. Lucides en tout cas. Et puis on nous souhaite une bonne soirée. Le ton est donné. Entre légèreté de la forme et gravité du fond. Nous sommes déjà happés. Et puis nous découvrons Annie et Jacques à la terrasse d’un café. Annie lit sa chaussure (oui, vous avez bien lu). Jacques n’a pas l’air si étonné. Il est habitué à son caractère fantasque et aux excès, aux absurdités parfois poétiques, que les amphétamines qu’elle (sur)consomme engendrent. Et puis, un peu plus tard, il va lui acheter un canari, celui dont on a expliqué au début que son étouffement prévient des coups de grisou dans les mines de charbon. Celui qui annonce l’inéluctable. Jusqu’à ce qu’Annie suffoque. Et à partir de là pour nous aussi l’air se raréfie. Annie nous agrippe, avec son désespoir, nous embarque dans son univers fait de destruction, de trivialité aussi, et puis  de violence et de passion, Annie l’écorchée vive dont les pensées déforment les images projetées sur les cubes. Annie et ses déchirures et ses blessures et ses hantises. Annie tourbillonne, danse frénétiquement, alpague, déroute, inquiète,  cache sa détresse derrière sa violence. Annie interprétée par une Christiana Reali méconnaissable, surprenante, électrique, désespérée, suicidaire. Magistrale. Annie qui nous embarque dans ses délires fantasmagoriques, entre Warhol et Munch. Un cri qui se déforme. Un cri de Munch qui aurait été repeint par Dali. Annie avec la cruauté et la drôlerie de l’ironie de son  désespoir proclamé, jeté aux visages des ignorants. La musique nous encercle, les images nous hypnotisent, l’émotion nous envahit. Nous ne savons plus si nous sommes au théâtre ou au cinéma tant cette pièce est cinématographique. Egarés, comme Annie. Annie qui s’exhibe pour ne pas être vue. A coté de ce personnage si fort dans sa fragilité, si obstiné à se détruire, les autres comédiens sont évidemment (volontairement) plus effacés même si le jeu de Vincent Elbaz (qui pour l’occasion a gardé son look du « Dernier gang »), en intensité sombre et mystérieuse est aussi remarquable, même si celui d’Ariel Wizman, comédien débutant en dealer, est prometteur, même si celui des deux éditeurs dédramatisent et esquissent ainsi en toile de fond une satire du milieu de l’édition, ici féroce et cupide, même si celui du critique si humain, et destructeur sans le vouloir vraiment, si inélégant même lorsqu’il ne veut plus n'être élégant que dans son apparence. La mise en scène, si inventive, de John Malkovich qui, cinq ans après « Hysteria », revient à Paris en adaptant cette pièce d’un jeune auteur américain, devrait nous rassurer (elle crée aussi parfois une distance salutaire, ironique, intelligente avec la gravité du propos) mais elle renforce l’émotion et nous plonge encore davantage dans les abimes des tourments d’Annie. Et permet à la pièce d’atteindre parfois des instants de grâce comme lorsque les mots projetés sur l’écran se substituent aux silences et aux paroles qu’ils ne savent se dire. Peu à peu le secret qui lie leur silence, leur complicité, jaillit, suscite notre empathie. On voudrait respirer, oublier, s’échapper, s’évader de la cage, mais nous sommes comme le canari, enfermés dans notre cage, condamnés à suffoquer aussi, à étouffer sur fond de brasier impitoyable et meurtrier,  face à elle, avec elle, impuissants, terrassés. Et puis vient une autre scène qui nous rappelle la précédente. Avec sa petite lueur en plus. D’espoir peut-être. D’espoirs déchus en tout cas. L’écran ironique nous souhaite de nouveau une bonne soirée. Fondu au noir. Rideau. Applaudissements. Gravité. La lumière nous éblouit après tant d’obscurité. De belle et retentissante obscurité.

    Une histoire d’amour extrême servie par une mise en scène qui la magnifie, entre vidéos et photos projetées et meubles mouvants. Une pièce qui vous prend à la gorge comme un bad canary, qui vous fait manquer d’air pour que vous le trouviez encore plus appréciable ensuite, pour que vous respiriez chaque seconde, saisissiez chaque lueur d’espoir. Une pièce à la base peut-être moyenne dont la mise en scène et l’interprétation, si ingénieuses, la rendent si marquante et réussie… Ne la manquez pas. Il vous reste encore quelques jours pour être enfermés dans la cage mystérieuse, oppressante et fascinante, de ce « Good canary »…

    Théâtre Comedia- 4bd de Strasbourg-Paris 10ème- www.theatrecomedia.com

    Prolongations jusqu’au 23 février 2008

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : CHRONIQUES THEATRALES Pin it! 0 commentaire
  • In the mood for news 17 : actualité cinématographique de la semaine du 6 février 2008

                                                          Les sorties de la semaine

    Le film de la semaine recommandé par « In the mood for cinema »

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    « Le Bannissement » : Un film d’Andrei Zviaguintsev avec Konstantin Lavronenko, Maria Bonnevie-Durée : 2H30-

    Pitch : Un homme, sa femme et leurs deux enfants, quittent une cité industrielle pour la campagne d'où est originaire le mari et s'installent dans la vieille maison du père de celui-ci.

     L’acteur principal (Konstantin Lavronenko) a reçu le prix d’interprétation masculine pour ce film au Festival de Cannes 2007. Voir ma critique sur mon blog consacré au Festival de Cannes 2007 : http://inthemoodforcannes.hautetfort.com

    Les autres films de la semaine

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    (Je n’ai vu aucun des autres films qui sortent cette semaine pour l'instant, critique du film « Les liens du sang » à venir prochainement sur « In the mood for cinema »)

     « John Rambo » : Un film américain de Sylvester Stallone avec Sylvester Stallone, James Brolin, Kim Dickens, Rey Gallegos, Jake La Botz, Tim Kang, Paul Schulze, Bruno Campos, Julie Benz, Matthew Marsden, et Graham McTavish-Genre : Action - Durée : 1H30 mn

    « Ca se soigne ? » : Un film français de Laurent Chouchan avec Thierry Lhermitte, Julie Ferrier, Michel Vuillermoz, Gérard Jugnot, Isabelle Gélinas, François-Xavier Demaison, Elisabeth Quin, et Stéphane Freiss-Genre : Comédie - Durée : 1H42 mn

    « Les Liens du Sang » : Un film français de Jacques Maillot avec François Cluzet, Guillaume Canet, Marie Denarnaud, Luc Thuillier, Olivier Perrier, Sarah Grappin, Clotilde Hesme, Mehdi Nebbou, et Carole Franck-Genre : Policier - Durée : 1H46 mn

    « Cloverfield » : Un film américain de Matt Reeves avec Michael Stahl-David, Mike Vogel, Jessica Lucas, T.J. Miller, Odette Yustman, et Lizzy Caplan- Genre : Science Fiction - Durée : 1H30 mn

    «  Les Faussaires » : Un film allemand et autrichien de Stefan Ruzowitzky avec Karl Markovics, August Diehl, Devid Striesow, Sebastian Urzendowsky, Andreas Schmidt, Tilo Pruckner, Martin Brambach, August Zirner, et Veit Stubner - Genre : Drame - Durée : 1H38 mn

    “PS : I Love You”: Un film américain de Richard LaGravenese avec Hilary Swank, Gerard Butler, Lisa Kudrow, Gina Gershon, Jeffrey Dean Morgan, Dean Winters, Anne Kent, James Marsters, Kathy Bates, et Harry Connick Jr. -Genre : Comédie romantique - Durée : 2H06 mn « Juno » : Un film américain de Jason Reitman avec Ellen Page, Michael Cera, Jennifer Garner, Jason Bateman, Rainn Wilson, Lucas MacFadden, Candice Accola, Olivia Thirlby, J.K. Simmons, et Allison Janney - Genre : Comédie - Durée : 1H31 mn

     « L'esprit de la ruche » : Un film espagnol de Victor Erice avec Fernando Fernan Gomez, Teresa Gimpera, Ana Torrent, Isabel Telleria, José Villasante, Juan Margallo, Laly Soldevila, Ketty de la Camara, et Estanis Gonzalez  - Genre : Drame - Durée : 1H38 mn

    « Muksin » : Un film malaisien de Yasmin Ahmad avec Mohd Syafie Naswip, Sharifah Aryana, Yuhang Ho, Sharifah Aleya, Amira Nasuha, Choo Seong Ng, Adibah Noor, Norkhiriah, Rozie Rashid, et Sharifah Amani-Genre : Drame - Durée : 1H34 mn

    « Brave Story » : Un film japonais de Kôichi Chigira avec les voix en VO de Takako Matsu, Tarô Ishida, Shirô Itô, Ayako Kawasumi, Eiji Wentz, Miki Imai, Kirin Kiki, Yo Oizumi, Katsumi Takahashi, Yoshiko Tanaka, Chiwa Saito, et Rie Shibata-Genre : Animation - Durée : 1H53 mn

     « La Fabrique des sentiments » : Un film français de Jean-Marc Moutout avec Elsa Zylberstein, Bruno Putzulu, Jacques Bonnaffé, Hiam Abbass, Anne-Katerine Normant, Jean Segani, Octave Novel, et Josiane Stoléru-Genre : Comédie dramatique - Durée : 1H44 mn

    Les prix de la semaine

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    Le jury du “Prix Jacques Prévert du scénario” 2008 sous la présidence de Danièle Thompson a remis ses prix cette semaine.
    Le prix Jacques Prévert du scénario dans la catégorie “scénario original” a été décerné à Julie Delpy pour “2 days in Paris”
    Le prix Jacques Prévert du scénario dans la catégorie “adaptation” a été décerné à Ronald Harwood pour “Le scaphandre et le papillon”. (voir critique en cliquant ici) "Le scaphandre et le papillon" est également nommé pour le César de la meilleur adaptation.

    Le festival de la semaine

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    Le Festival International du Premier Film d’Annonay dont j’étais membre du jury l’an passé (voir récit ici) fête cette année ses 25 ans. Un festival dont la compétition met à l’honneur les premiers films sans distributeurs.  Un festival qui se veut découvreur de talents. Le grand prix de notre jury 2007  « Mouth to mout » (je vous en reparlerai à cette occasion) sortira d’ailleurs sur les écrans au premier trimestre 2008. Jérôme Boivin préside cette année le jury et Bernard Blancan préside le jury des lycéens.  Site officiel du Festival : http://annonaypremierfilm.org  

    Pour lire le compte-rendu 2008 en direct (ou presque) du Festival du Cinéma d'Annonay 2008, par une autre ancienne jurée annonéenne, rendez-vous "Sur la route du cinéma".

    Les chiffres de la semaine

    b9501e71c947d92002fea4f6f908bd0b.jpgLes chiffres de la semaine concernent bien entendu Astérix et son budget olympique… 78 millions d’euros, le plus gros budget du cinéma français, une sortie dans 6000 salles en Europe dont 1074 écrans en France. Une sortie dans 30 pays. Seule la Grande-Bretagne a « résisté » à cette invasion gauloise. Pour que le film soit rentabilisé, 6 à 7 millions d’entrées seront nécessaires et 1 million de DVD vendus. Le producteur (et co-réalisateur) Thomas Langmann espère 20 à 25 millions d’entrées en Europe. 1600 plans truqués, 2500 figurants pour les scènes de foules…et surtout 22Millions d’euros de budget promotion. 453200 entrées le jour de sa sortie. Au regard du résultat, on se demande  dans quoi est passé le budget (salaires, trucages…?) tant la mise en scène est plate et tant le sujet aurait pu se prêter a des décors plus spectaculaires. Le scénario est quasiment inexistant (sans oublier une scène finale qui tombe comme un cheveu sur la soupe, prétexte à mettre en scène ou plutôt à mettre en images des sportifs connus dans le monde entier et donc assurés de susciter l’attrait d’un public international) mais il faut néanmoins l’avouer : les répliques et le long monologue d’Alain Delon qui apparaît sur la musique d’ « Il étais une fois dans l’Ouest » et (« Il y a un guépard de trop dans cette pièce » etc ) qui se moque de lui-même avec beaucoup de talent et de plaisir nous le transmet et les prestations de Benoît Poelvorde (obséquieux et fourbe au possible) et Gérard Depardieu (plus Obélix que nature) sont aussi remarquables et nous arrachent quelques sourires et regards attendris. Etions-nous en droit d’en attendre plus d’un film qui se revendique comme un film de producteurs et non un film d’auteurs, destiné à créer des entrées et espérons-le du divertissement…à défaut d’art (nous n’en demandions évidemment pas tant) ?

    A suivre : La critique de la pièce « Good Canary »…