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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 280

  • Clôture, palmarès et conférence de presse des lauréats du 65ème Festival de Cannes

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    Après 11 jours d’émotions cinématographiques intenses, alors que la Croisette sur laquelle je me trouve encore efface à une vitesse fulgurante les traces de ce qui, comme chaque année, me semble n’avoir été qu’un songe (Et quel songe ! Dans celui-ci, je n’ai vécu qu’au rythme du cinéma pendant 11 jours, sur un écran sur lequel tout a semblé plus grand, plus tragique, plus noble et une fois la lumière rallumée, il m’a aussi bien semblé que tout était d’une étrangeté parfois fellinienne ), hier, déjà le jury de cette 65ème édition a livré son palmarès.  Cela fait 11 jours déjà que j’ai frissonné en entendant pour la première fois en 2012, la musique de Saint-Saëns, cela fait 11 jours que j’étais pour la première fois cette année dans le Grand Théâtre Lumière, parmi les invités de l’ouverture, le cœur battant, comme pour un rendez-amoureux, à la fois doucement inquiète, et exaltée à l’idée de cet état second dans lequel je savais déjà que cette immersion cinématographique me plongerait. En 11 jours, Bérénice Béjo est passée d’une robe rouge flamboyante à une robe blanche immaculée. 11 jours de rencontres, de retrouvailles, de chocs et d’émotions cinématographiques. 11 jours à être déroutée, aimantée inexorablement vers ce Grand Théâtre Lumière, cette « bulle au milieu du monde dans laquelle on se réfugie, on se cache blottie contre un siège rouge dans le noir d’une grande salle » comme l’a si bien dit Bérénice Béjo. Une bulle qui nous isole du monde (quoi, il existerait un monde en dehors de Cannes ?), bulle délicieusement égocentrique, bulle qui paradoxalement nous éloigne du monde même si les films, justement, nous en rappellent l’état, cette année souvent désorienté, sur fond de crise, en quête d’un amour désespéré. Une parenthèse enchantée qui nous plonge pourtant dans un monde désenchanté. J’ai délibérément moins écrit cette année, ne souhaitant pas tomber dans cette course folle à l’information, mais préférant vous livrer un compte-rendu réfléchi (sans doute en fin de semaine, avec mes meilleurs moments du festival et de nombreux films sur lesquels je reviendrai). En 11 jours, il m’a semblé vivre des années en accélérés, avec tant de drames, de détresse, de péripéties sur l’écran qui, aussi, parfois donnaient à la réalité une couleur plus intense, douloureuse ou étincelante, jamais fade en tout cas. Il faut avouer que ce n’est pas de chance : je n’ai manqué que 5 films sur 22 de la compétition et 4 de ces films figurent au palmarès. J’ai néanmoins vu et été bouleversée par « Amour » le film pour lequel Michael Haneke a obtenu la palme d’or qui le fait entrer dans le cercle fermé et envié des cinéastes l’ayant obtenue deux fois (il avait reçu la première il y a trois ans pour l’austère, dérangeant et magistral « Le ruban blanc »).

    « Amour » est un film tragique, bouleversant, universel qui nous ravage, un film lucide, d’une justesse et d’une simplicité remarquables, tout en retenue. «Je ne me souviens plus du film, mais je me souviens des sentiments» dit Jean-Louis Trintignant en racontant une anecdote à son épouse dans le film. C’est aussi ce qu’il nous reste de ce film, l’essentiel, l’Amour avec un grand a, pas le vain, le futile, l’éphémère mais l’absolu, l’infini. Un film éprouvant et sublime, d’une beauté tragique et ravageuse que vous hante et vous habite longtemps après la projection, après ce dernier plan d’une femme seule dans un appartement douloureusement vide. Un film d’Amour absolu, ultime. Et puis il y a la musique de Schubert, cet Impromptu que j’ai si souvent écouté et que je n’entendrai sans doute plus jamais de la même manière.

    Avant de revenir sur ce festival dans quelques jours,  je vais terminer avec la phrase du bouleversant Jean-Louis Trintignant (sur scène et sur l’écran) empruntée à Prévert : « et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ». Oui, si on essayait…

    Mes photos ci-dessous sont issues des conférences de presse du jury et des lauréats auxquelles j'ai assistées. Je vous en parlerai également prochainement...

    PALMARES

    LONGS METRAGES

     Palme d'Or

     AMOUR (Love) réalisé par Michael HANEKE

     

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     Grand Prix

     REALITY réalisé par Matteo GARRONE

     

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     Prix de la mise en scène

    Carlos REYGADAS pour POST TENEBRAS LUX

     

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     Prix du Jury

    THE ANGELS’ SHARE (La Part des anges) réalisé par Ken LOACH

     

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    Prix d'interprétation masculine

     

    Mads MIKKELSEN dans JAGTEN (La Chasse) réalisé par Thomas VINTERBERG

     

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     Prix d'interprétation féminine

     Cristina FLUTUR & Cosmina STRATAN dans DUPÃ DEALURI (Au-Delà des Collines) réalisé par Cristian MUNGIU

     

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     Prix du scénario

     Cristian MUNGIU pour DUPÃ DEALURI (Au-Delà des Collines)

     

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     COURTS METRAGES

     Palme d'Or

    SESSIZ-BE DENG (Silencieux) réalisé par L. Rezan YESILBAS

     CAMERA D'OR

      BEASTS OF THE SOUTHERN WILD réalisé par Benh ZEITLIN présenté dans le cadre de la Sélection Officielle Un Certain Regard

     

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  • En attendant le bilan et le palmarès du Festival de Cannes 2012

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    Accaparée par les projections et le trépidant rythme cannois, mes articles ont été cette année moins nombreux et plus courts que d’habitude, ayant préfèré vous livrer un compte-rendu a posteriori du festival, fidèle à mes impressions, plutôt que quelques lignes maladroites, confuses et imprécises. Le temps de trier toutes ces émotions, pas seulement cinématographiques, mes nombreux clichés, et vous retrouverez donc ici le compte-rendu complet habituel ainsi que des articles supplémentaires sur http://inthemoodlemag.com et http://www.inthemoodforcannes.com . En attendant, même si je rattrape encore deux films aujourd’hui (« Mud » et « Like someone in love »), et même si j’en aurai manqué quelques uns, je voulais vous livrer mon palmarès. Est-il besoin de préciser que cette sélection était d’une très grande qualité, un voyage déroutant et fascinant dans les cinématographiques, les espoirs et les blessures du monde entier ?

    Quête d’amour (parfois désespérée ), mise en abyme, et arrière-plan de crise économique sont sans doute les points commun des films en compétition de cette édition 2012. Cinq films dominent pour moi la compétition de cette année : « Vous n’avez encore rien vu » d’Alain Resnais (ma palme d’or), « De rouille et d’os » de Jacques Audiard (sans doute un prix d’interprétation pour un des deux acteurs principaux ou un prix du scénario), « Amour » de Michael Haneke (un grand prix ? Un prix d’interprétation pour Jean-Louis Trintignant ou Emmanuelle Riva ?), « Reality » de Matteo Garrone (prix du jury ? prix d’interprétation ? prix du scénario ?), « Après la bataille » de Yousry Nasarallah (pourquoi pas une palme d'or ou un grand prix ou un prix du scénario?) … à moins que les deux films que je verrai aujourd’hui modifient ce top 5.

    Mais il faudrait aussi citer « In another country » de Hong Sangsoo (prix du scénario ? prix d’interprétation pour Isabelle Huppert ?), "Dans la brume" de Loznitsa (un grand prix?), « Cosmopolis » de Cronenberg (prix d’interprétation pour Robert Pattinson qui m’a bluffée et qui est vraiment étonnant dans ce film sur lequel je reviendrai également). Quant au prix de la mise en scène, difficile d’établir un pronostic tant les films de cette édition témoignent de regards de cinéastes (y compris "Paradis: amour" que je n'ai pas encore cité) et surtout de regards de grands metteurs en scène, peut-être Alain Resnais s’il n’obtient pas la palme d’or que je lui souhaite.

    Quoiqu’il en soit, il serait étonnant, cette année, à nouveau, que le cinéma français ne figure pas au palmarès. Que ce soit le très beau film de Jacques Audiard dont je vous ai parlé le premier jour « De rouille et d’os », ou mon coup de cœur 2012 « Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais » (toute la distribution mériterait un prix d’interprétation collectif…pourquoi pas le prix du 65ème anniversaire ?), sans oublier les acteur français du film de Michael Haneke, en revanche j’avoue être restée totalement hermétique au film de Leos Carax « Holy motors » ( sur lequel je reviendrai également) dont le caractère égocentrique et présomptueux m'a empêché de l'apprécier pleinement. Nombreux sont ceux qui lui prédisent cependant une palme d’or (alors que je souhaiterais qu'il ne figure pas au palmarès, Denis Lavant qui y interprète une dizaine de rôles est aussi cependant un prétendant sérieux pour le prix d'interprétation)…

    Réponse ce soir en attendant le compte-rendu complet de mes palpitantes pérégrinations et découvertes cinématographiques. Je reviendrai sur les thématiques du festival, vous livrerai de nombreuses autres critiques, vous parlerai également d’évènements comme les 65 ans du festival ou de soirées, bref un compte-rendu plus dignement « in the mood for Cannes » que ces quelques lignes…

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  • Bilan et palmarès du 65ème Festival de Cannes : en attendant...

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    Accaparée par les projections et le trépidant rythme cannois, mes articles ont été cette année moins nombreux et plus courts que d’habitude, ayant préfèré vous livrer un compte-rendu a posteriori du festival, fidèle à mes impressions, plutôt que quelques lignes maladroites, confuses et imprécises. Le temps de trier toutes ces émotions, pas seulement cinématographiques, mes nombreux clichés, et vous retrouverez donc ici le compte-rendu complet habituel ainsi que des articles supplémentaires sur http://inthemoodlemag.com et http://www.inthemoodforcannes.com . En attendant, même si je rattrape encore deux films aujourd’hui (« Mud » et « Like someone in love »), et même si j’en aurai manqué quelques uns, je voulais vous livrer mon palmarès. Est-il besoin de préciser que cette sélection était d’une très grande qualité, un voyage déroutant et fascinant dans les cinématographiques, les espoirs et les blessures du monde entier ?

    Quête d’amour (parfois désespérée ), mise en abyme, et arrière-plan de crise économique sont sans doute les points commun des films en compétition de cette édition 2012. Cinq films dominent pour moi la compétition de cette année : « Vous n’avez encore rien vu » d’Alain Resnais (ma palme d’or), « De rouille et d’os » de Jacques Audiard (sans doute un prix d’interprétation pour un des deux acteurs principaux ou un prix du scénario), « Amour » de Michael Haneke (un grand prix ? Un prix d’interprétation pour Jean-Louis Trintignant ou Emmanuelle Riva ?), « Reality » de Matteo Garrone (prix du jury ? prix d’interprétation ? prix du scénario ?), « Après la bataille » de Yousry Nasarallah (pourquoi pas une palme d'or ou un grand prix ou un prix du scénario?) … à moins que les deux films que je verrai aujourd’hui modifient ce top 5.

    Mais il faudrait aussi citer « In another country » de Hong Sangsoo (prix du scénario ? prix d’interprétation pour Isabelle Huppert ?), "Dans la brume" de Loznitsa (un grand prix?), « Cosmopolis » de Cronenberg (prix d’interprétation pour Robert Pattinson qui m’a bluffée et qui est vraiment étonnant dans ce film sur lequel je reviendrai également). Quant au prix de la mise en scène, difficile d’établir un pronostic tant les films de cette édition témoignent de regards de cinéastes (y compris "Paradis: amour" que je n'ai pas encore cité) et surtout de regards de grands metteurs en scène, peut-être Alain Resnais s’il n’obtient pas la palme d’or que je lui souhaite.

    Quoiqu’il en soit, il serait étonnant, cette année, à nouveau, que le cinéma français ne figure pas au palmarès. Que ce soit le très beau film de Jacques Audiard dont je vous ai parlé le premier jour « De rouille et d’os », ou mon coup de cœur 2012 « Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais » (toute la distribution mériterait un prix d’interprétation collectif…pourquoi pas le prix du 65ème anniversaire ?), sans oublier les acteur français du film de Michael Haneke, en revanche j’avoue être restée totalement hermétique au film de Leos Carax « Holy motors » ( sur lequel je reviendrai également) dont le caractère égocentrique et présomptueux m'a empêché de l'apprécier pleinement. Nombreux sont ceux qui lui prédisent cependant une palme d’or (alors que je souhaiterais qu'il ne figure pas au palmarès, Denis Lavant qui y interprète une dizaine de rôles est aussi cependant un prétendant sérieux pour le prix d'interprétation)…

    Réponse ce soir en attendant le compte-rendu complet de mes palpitantes pérégrinations et découvertes cinématographiques. Je reviendrai sur les thématiques du festival, vous livrerai de nombreuses autres critiques, vous parlerai également d’évènements comme les 65 ans du festival ou de soirées, bref un compte-rendu plus dignement « in the mood for Cannes » que ces quelques lignes…

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  • Palmarès Un Certain Regard 2012

    Les journées d'un festivalier cannois se construisent à partir de choix cornéliens et cette année, je n'aurai malheureusement vu que deux fims de la sélection "Un Certain Regard": "A perdre la raison" de Joachim Lafosse et "Trois mondes" de Catherine Corsini. Je vous parlerai prochainement de l'un et de l'autre. Je me réjouis en tout cas qu'Emilie Dequenne (à qui Cannes porte décidément chance, on se souvient de son prix d'interprétation pour "Rosetta") ait obtenu le prix d'interprétation. Dans ce film, elle est une nouvelle fois sidérante, bouleversante, et d'une justesse renversante dans un rôle particulièrement complexe. Voici le communiqué de presse du festival au sujet du palmarès Un Certain Regard avant de vous parler plus longuement des films précités.

    Un Certain Regard 2012 a proposé 20 films réalisés par 26 réalisateurs venus de 17 pays différents.
    Quatre d’entre eux sont des premiers films.


    Présidé par Tim ROTH (acteur, réalisateur) le Jury était composé de Leïla BEKHTI (actrice), Sylvie PRAS (responsable des cinémas - Centre Pompidou Paris, directrice artistique du Festival de la Rochelle), Tonie MARSHALL (réalisatrice, productrice) et Luciano MONTEAGUDO (critique - Pagina/12 - Buenos Aires).
    « Nous avons découvert une sélection de films extraordinaire dans sa qualité et sa puissance et nos délibérations furent passionnées. Les cinéastes ne nous ont jamais déçus une seule fois ! Incroyable ! » Tim ROTH
    PRIX UN CERTAIN REGARD
    DESPUÉS DE LUCIA de Michel FRANCO
    PRIX SPÉCIAL DU JURY
    LE GRAND SOIR de Benoît DELÉPINE et Gustave KERVERN
    PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE
    Suzanne CLÉMENT pour sa performance dans le film LAURENCE ANYWAYS de Xavier DOLAN
    PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE
    Emilie DEQUENNE pour sa performance dans le film À PERDRE LA RAISON de Joachim LAFOSSE
    MENTION SPECIALE DU JURY
    DJECA d’Aida BEGIC
    (Enfants de Sarajevo)

     

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  • Critique de "Cosmopolis" de David Cronenberg

    Aujourd'hui, "Cosmopolis" a divisé les festivaliers, les uns étant agacés par cette logorrhée jugée absurde, les autres fascinés par cette brillante allégorie sur notre époque. Je faisais plutôt partie de la seconde catégorie affectionnant les films comme celui-ci qui font confiance au spectateur même si pas forcément adaptés à un Festival de Cannes où une actualité chasse l’autre, où le temps est plus celui de la réaction excessive et immédiate que celui de la réflexion.

    Robert Pattinson y interprète Eric Packer dans une ville de New York en ébullition, alors que l’ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche, coupée des bruits et du tumulte du monde extérieur. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

    A l’image de son personnage principal, le film de David Cronenberg (axé avant tout sur les dialogues, quasiment intégralement repris de l’œuvre éponyme dont il est l’adaptation) ne cherche pas à tout prix à être aimable ni à faire de cette adaptation de l’œuvre réputée inadaptable de Don Delillo un film grand public et facilement accessible. Le film nous tient à distance (de la réalité et des émotions) comme l’univers froid et aseptisé du véhicule d’Eric Packer le tient à distance du monde extérieur. La limousine est son univers mental, fou, déréglé où il additionne les rencontres comme les chiffres sur son compte en banques : avec froideur et cynisme.

    Dans ce monde où l’argent règne en maître, la sensibilité est anesthésiée et Robert Pattinson est la vraie découverte (qui aurait misé sur lui pour un tel rôle ?) et il fallait sans doute la folie géniale de Cronenberg pour y penser. Sa beauté froide se prête parfaitement au cynisme et à la cruauté de son personnage exacerbés par sa jeunesse éclatante : il passe de la maîtrise à l’abandon et la folie, ou parfois expriment les trois expressions en même temps avec une apparente facilité déconcertante. La réalisation précise, glaciale de Cronenberg renforce l’impression de voir un être déshumanisé et désespéré, la triste et lucide représentation de golden boys insensibilisés, coupés de la réalité mais aussi d’une époque insensibilisée.

    « Cosmopolis » est un film déroutant, parfois agaçant, mais fascinant et passionnant par sa réalisation et son interprétation glaciales, cliniques, glaçantes et impressionnantes. Métaphore d’une époque paranoïaque, cynique, à la fois rassasiée de désirs et avide de désirs, « Cosmopolis » se regarde comme une œuvre abstraite, absconse diront certains. Une œuvre en tout cas.

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  • Critique de "Renoir" de Gilles Bourdos

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    Renoir. Un nom illustre, mondialement célèbre grâce à deux immenses artistes, le père et le fils, un peintre et un cinéaste, Auguste et Jean. En 1915, sur la Côte d’Azur, au crépuscule de sa vie, Auguste Renoir (Michel Bouquet) continue à se consacrer à son art malgré de vives douleurs dues à son grand âge, malgré la perte récente de son épouse et le chagrin causé par l’absence de ses fils Pierre et Jean, engagés et blessés à la guerre. C’est dans ce contexte qu’arrive Andrée (Christa Théret), éclatante de vie et de beauté, qui sera le dernier modèle du peintre, « le Patron ». C’est alors que Jean (Vincent Rottiers) revient, blessé à la guerre, passer sa convalescence dans la maison familiale. Andrée changera à jamais son existence…

    Les premiers plans nous plongent dans cette nature saisissante d’authenticité et de beauté à l’image de celle que nous suivrons quelques minutes plus tard : Andrée, pétillante, flamboyante, naturelle, libérée. La mise en scène de Gilles Bourdos (dont c’est ici le 4ème long-métrage) ne cherche à rivaliser ni avec la beauté impressionniste des peintures du père ni avec la virtuosité des films du fils, et cet académisme sied finalement au film, synonyme ici d’humilité devant ces deux grands maîtres dans leurs arts respectifs malgré quelques tentatives de capter dans l’œil de la caméra la beauté impressionniste des toiles de Renoir (un bonheur, d'ailleurs, d'en voir défiler quelques unes) comme lorsque ce dernier somnole et qu’une vision évanescente de la nature lui apparait. Bourdos avec son (ou plutôt ses) Renoir ne peut de toutes façons en aucun cas rivaliser avec le « Van Gogh » de Pialat.

    Le scénario est certes parfois un peu trop elliptique et inégal, avec quelques lenteurs et longueurs, mais le récit n’en demeure pas moins passionnant, en grande partie grâce à l’interprétation époustouflante de Michel Bouquet (mais qui en aurait douté ?) et face à lui celle de Vincent Rottiers qui crève littéralement l’écran, interprétant avec une justesse étonnante le mélange de velléité, de courage, de maturité et d’innocence de Jean. Nous découvrons comment ce jeune homme velléitaire et courageux deviendra un jeune cinéaste grâce à celle qui deviendra sa femme et notamment l’interprète de « La Chienne », Andrée, future Catherine Hessling. Dernière muse d’Auguste Renoir, la vitalité, le naturel et la flamboyance d’Andrée prennent ici les traits de la pétillante Christa Théret.

    Plane aussi l’ombre de « La Grande illusion » avec la guerre à la fois si lointaine du jardin d’Eden du cinéaste et si proche, avec ces gueules cassées qui contrastent avec cette nature éblouissante. Une silhouette, l’espace d’un instant, rappelle celle d’Erich von Stroheim dans « La grande illusion » et nous laisse entendre où Renoir fils a puisé son inspiration.

    Le film devrait ainsi intéresser les inconditionnels du père et du fils, le peintre aux 6000 tableaux et le cinéaste de chefs d’œuvre inoubliables comme « La Règle du jeu » et donner aux autres envie d’en savoir davantage sur ces deux immenses artistes. « La chair, c’est l’essentiel », « La couleur fait tout dans une toile », « Je suis comme le bouchon qui se laisse porter par le courant», en quelques citations s’esquisse aussi le portrait de ce maître des couleurs, cet amoureux des femmes, de l’art et de la nature qui se refusait à « broyer du noir ».

    Un hymne à la nature, à la beauté et la force de l’art qui manque certes parfois de la vitalité et de la flamboyance d’Andrée (en particulier dans le traitement de son histoire d’amour avec Jean) et de celles des peintures du maître, mais la musique du prolifique Alexandre Desplat et surtout les interprétations de Michel Bouquet et Vincent Rottiers en font un film agréable et instructif, même émouvant dans une très belle scène d’adieux qui les réunit, les enlace même.

    Retrouvez également toute l’actualité sur http://inthemoodlemag.com .

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  • Critique de "Trois mondes" de Catherine Corsini (Un Certain Regard)

    Ces trois mondes qui se rencontrent ou plutôt se confrontent sont incarnés par Al, Juliette et Véra.

    « Al (Raphaël Personnaz) est un jeune homme d’origine modeste à qui tout réussit : il se marie dans huit jours avec la fille de son patron et doit prendre la tête de l’entreprise de son futur beau-père. Une nuit, après une soirée arrosée à fêter dignement tous ces projets d’avenir, il renverse un inconnu. Poussé par ses deux amis d’enfance, il abandonne le blessé et s’enfuit. De son balcon, Juliette (Clotilde Hesme) a tout vu. Hantée par l’accident, elle va aider Véra (Arta Dobroshi), la femme du blessé, à retrouver l’homme qu’elle a vu fuir. »

    Dans « Partir » déjà, Catherine Corsini confrontait des mondes qui n’auraient pas dû se rencontrer, c’est cette fois le sujet au centre de ce nouveau long-métrage. Dès les premières secondes, Catherine Corsini place son film sous le signe de l’urgence et de la tension et du côté de Al. Le film oscille entre un cinéma à la Claude Sautet (mon cinéaste de prédilection, donc un compliment ) avec les scènes sous la pluie de rigueur qui rapprochent les personnages et, selon ses propres dires, de thrillers, celle-ci citant Hitchcock ou James Gray dont la principale qualité est justement de savoir mêler thriller et histoire d’amour.

    Catherine Corsini ne choisit finalement ni l’une ni l’autre de ces options, ce qui laisse une impression d’inachevé (mais, après tout, à l’image de ces mondes qui n’achèveront pas la rencontre forcée et entamée). Le film n’en reste pas moins palpitant mais inégal dans les mondes qu’il relate : dommage que les personnages moldaves n’échappent pas aux clichés, elle semble ici avoir plus d’attachement pour le personnage de Al sur lequel commence et se termine le film, et tirer un constat pessimiste puisque chacun, finalement, restera dans son monde.

    De cette confrontation l’un d’eux, bien que détruit, aura peut-être juste gagné en liberté. Le film est porté par ses interprètes principaux : Raphaël Personaz qui, par l’intensité de son jeu, et sa présence magnétique, me fait penser à Alain Delon ; Arta Dobroshi (inoubliable dans « Le silence de Lorna » des Dardenne) et Clothilde Hesme, écartelée entre deux mondes mais, comme toujours, très juste.

    Un film que je vous recommande malgré ses criantes invraisemblances scénaristiques (Al se rend à l’hôpital auprès de celui qu’il a renversé risquant d’être démasqué; Juliette a une liaison brève avec Al qui tombe dans ses bras, sans doute réunis par la violence de ce qu’ils ont vécu, mais elle est quand même enceinte et lui sur le point de se marier; Juliette qui ne travaille pourtant pas pour les services secrets retrouve Al miraculeusement en en disposant que du numéro de sa plaque d’immatriculation)

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