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  • Critique de « Oss 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin, ce soir, sur M6

    Après le triomphe de "The Artist" de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin aux Oscars, je vous suggère de revoir leur précèdent film ensemble, ce soir, sur M6, à 20H50 ainsi que mes vidéos de ces derniers lors de l'avant-première.

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    Nous ne sommes donc plus en Egypte en 1955 comme dans "OSS117: Le Caire, nid d'espions" mais une décennie plus tard, plus exactement en 1967, au Brésil, à Rio. En France, De Gaulle et Pompidou ont remplacé Coty et Faure. Douze ans après, OSS 117 (Jean Dujardin) reprend donc du service, cette fois lancé à la poursuite, non pas du diamant vert, mais d’un microfilm compromettant pour l’Etat français. Il va alors devoir faire équipe avec une séduisante jeune femme, lieutenant-colonel du Mossad, Dolorès (Louise Monod) pour capturer un nazi maître chanteur.

     

    Hubert Bonisseur de la Bath est désormais affublé du ravissant pseudonyme de Noël Flantier mais il n’a rien perdu de ses costumes et de son attitude surannés, ni de sa misogynie, de son racisme et de toutes ses autres tares légendaires (la pire affliction qu’on puisse lui reprocher étant pour lui la première !) qui, vues sous le prisme du premier degré ou maladroitement mises en scène et interprétées, pourraient être consternantes, voire dangereuses. Ce n’est heureusement pas le cas. D’abord parce que, ici, on présuppose l’intelligence du spectateur qui saura rire du personnage principal et non rire avec, contrairement à la majorité des comédies qui n’osent pas prendre ce « risque » . Aussi parce que les réactions, de consternation le plus souvent, de ceux qui lui font face désamorcent l’abjection de ses propos (ici Louise Monod, malheureusement moins nuancée dans son jeu que Bérénice Béjo, peut-être aussi, parce que son personnage est moins riche et moins construit) . Et même si le film n’est pas militant et même s’il est foncièrement politiquement incorrect, c’est finalement peut-être beaucoup plus efficace, contre le racisme et l’antisémitisme et toutes autres formes de bêtises, que le film d’Etienne Chatillez, « Agathe Cléry » sorti la même année, qui avait totalement manqué son objectif,... à condition évidemment d’être mis sous des yeux clairvoyants.

    Ensuite, la mise en scène est toujours aussi réjouissante, imprégnée cette fois de l’atmosphère des années 60, de ses couleurs acidulées, usant et abusant du split screen (mais ici à bon escient puisque cela devient un instrument du comique) mais aussi des références cinéphiliques. Lors du débat qui avait suivi Michel Hazanavicius avait même avoué avoir « pillé » certains films, évoquant ainsi « Sueurs froides » auquel il est explicitement fait référence. La spectaculaire scène du dénouement au sommet du Christ du Corcovado que je vous laisse découvrir semble, quant à elle, directement inspirée de celle de la « Mort aux trousses » sur le Mont Rushmore, et les scènes de poursuite semblent suivre l’enseignement d’Hitchcock dans le film précité qui avait inversé les codes de la course poursuite, se déroulant jusque-là la plupart du temps dans une rue étroite et sombre.

    On ne peut évidemment pas ne pas penser à « L’Homme de Rio » tant Jean Dujardin rappelle Belmondo, conciliant sens de l’action, du comique, qualité de jeu, et bénéficiant du même capital sympathie auprès du public, et ne s’économisant d’ailleurs pas, lui non plus, pour le conquérir. (Voir vidéos ci-dessous). Comme Belmondo, à une époque où les films se faisaient sur son nom et où les titres reflétaient cette importance, là aussi, le film semble ne pas avoir de raison d'être sans Jean Dujardin qui lui insuffle son énergie débordante. Sans doute faut-il énormément d’intelligence pour interpréter avec autant de vraisemblance et d’apparente conviction un personnage aussi stupide, sans pour autant lui rendre le spectateur totalement hostile. Il n’économise ni ses rictus, ciselés, ni ses soulèvements de sourcils, ni ses silences, ni ses incoercibles rires gras, trouvant toujours la note juste pour contribuer à une partition à la fois baroque et sans fausse note et il montre une nouvelle fois la large pallette de son talent à ceux qui en douteraient encore après tous les prix qu'il vient de recevoir pour "The Artist". 

    Si certaines répliques sont particulièrement décapantes, c’est donc à mon avis dans le jeu de Jean Dujardin aux frontières du burlesque, mais aussi dans l’absurde de certaines situations et dans leur caractère inattendu que cet OSS est le meilleur (scène de l’hôpital puis du « jardinier » etc), quand le comique n’est pas annoncé par des roulements de tambour et arrive subrepticement. C’est en cela qu’il diffère peut-être le plus du premier volet dont , pour le reste, il épouse la structure, quasiment à l’identique, avec cependant des personnages féminins moins présents, moins écrits, plus secondaires.

    Le spectateur est transporté dans un ailleurs temporel et spatial qui contribuent aussi à son plaisir et à son dépaysement et à l’embarquer dans cette aventure fantasque des plages et extraordinaires paysages de Rio aux forêts amazoniennes.

    Le seul bémol concerne le scénario, signé Jean-François Halin et Michel Hazanavicius. Si Michel Hazanavicius s’est vraisemblablement là aussi inspiré d’Hitchcock pour le MacGuffin (objet matériel et généralement mystérieux qui sert de prétexte au développement de l’action du film)-ici le microfilm-, chez Hitchcock le parfait enchaînement des scènes grâce à un scénario exemplaire nous le fait, toujours, totalement oublier, ici nous avons davantage la sensation d’une succession de saynètes sans réel but défini. Le rythme soutenu, la qualité de l’interprétation, de la mise en scène, des décors et des dialogues parviennent néanmoins à rendre ce défaut anecdotique et à nous emporter dans ces rocambolesques et absurdes aventures brésiliennes.

    A l’heure où les comédies sont de plus en plus formatées, suivant les demandes des chaînes de télévision mais aussi une demande (probablement à tort) présupposée du public, cet hymne au politiquement incorrect, grâce à l’intelligence de la mise en scène et de l’interprétation transforment ce qui aurait pu être un simple film potache en un salutaire divertissement, malin et de qualité.

     

    Vidéos de la soirée au Forum des Images:

     

     

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  • Palmarès des Oscars 2012 : le triomphe mérité de "The Artist" de Michel Hazanavicius et de Jean Dujardin

     

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    Je ne peux pas m'empêcher de songer à cette première projection cannoise de "The Artist" qui m'avait émue, bouleversée, enthousiasmée, aux larmes alors de Jean Dujardin, à l'enthousiasme du Grand Théâtre Lumière, à la sensation alors d'avoir découvert une pépite cinématographique. Entre-temps le film aura récolté des récompenses partout, des Bafta aux Goya, avant ce couronnement historique aux Oscars. An american dream. Cette nuit la cérémonie des Oscars m'a donnée des frissons comme le film il y a quelques mois, une sorte de mise en abyme l'un et l'autre étant un hommage sublime au cinéma. Et quel parcours pour Jean Dujardin qui entre dans l'Histoire en étant le premier acteur français à recevoir l'Oscar du meilleur acteur et qui prouve qu'à force de talent, de ténacité, de passion, tout devient possible. Un beau pied-de-nez aussi à ceux qui clament sans cesse la supériorité du cinéma américain sur le cinéma français alors que le premier vient de s'incliner devant le second. "The Artist" repart donc avec 5 Oscars après ses 6 César: meilleur film, meilleur acteur, meilleur réalisateur, meilleure musique, meilleurs constumes. Dommage pour Bérénice Béjo qui a heureusement obtenu le César (cliquez ici pour lire mon article sur la cérémonie vécue en direct) vendredi dernier. Les César auront donc été les seuls à ne pas reconnaître l'incroyable performance de Jean Dujardin. Sans commentaires. Je me réjouis également du prix du scénario pour "Minuit à Paris" de Woody Allen, un des meilleurs films de cette année 2011, également un hommage au pouvoir de l'imaginaire, finalement à l'image des deux grands vainqueurs de cette 84ème cérémonie: "The Artist" et Hugo Cabret de Scorsese.  Je vous invite à retrouver ma critique de "The Artist" en bas de cet article et le palmarès, ci-dessous.

    PALMARES DES OSCARS 2012

    Meilleur film

    The Artist de Michel Hazanavicius

     Meilleure actrice

     Meryl Streep – La Dame de Fer

     Meilleur acteur

    Jean Dujardin - The Artist

     Meilleur réalisateur

    Michel Hazanavicius (The Artist)

     Meilleur second rôle masculin

    Christopher Plummer - Beginners

     Meilleur second rôle féminin

    Octavia Spencer – La Couleur des sentiments

     Meilleur Scénario original

    Minuit à Paris - Woody Allen

     Meilleur Scénario adapté

    The Descendants - Alexander Payne, Nat Faxon, Jim Rash

     Meilleur film en langue étrangère

     Une Séparation d'Asghar Farhadi (Iran)

     Meilleur film d'animation

    Rango de Gore Verbinski

      Meilleure photographie

    Robert Richardson pour Hugo Cabret

      Meilleure direction artistique

    Dante Ferretti et Francesca Lo Schavio pour Hugo Cabret

     Meilleurs costumes

    Mark Bridges pour The Artist

     Meilleur documentaire

    Undefeated de TJ Martin, Dan Lindsay, and Richard Middlemas

     Meilleur court-métrage documentaire

    Saving Face de Daniel Junge et Sharmeen Obaid-Chinoy

     Meilleur court-métrage

    The Shore de Terry George et Oorlagh George

     Meilleur montage

    Angus Kirk et Kirk Baxter pour Millenium

     Meilleur maquillage

    Mark Coulier et J. Roy Helland pour La dame de fer 

    Meilleure musique originale 

    Ludovic Bource pour The Artist

      Meilleure chanson originale

    Man or Muppet (Les Muppets)

     Meilleur mixage

    Tom Flesichmann et John Midgley pour Hugo Cabret

     Meilleur montage son

    Philip Stockton et Eugene Gearty pour Hugo Cabret

     Meilleurs effets spéciaux

    Rob Legato, Joss Williams Ben Grossmann et Alex Henning pour Hugo Cabret

     Meilleur court-métrage d’animation

    The Fantastic Flying Books of Mr. Morris Lessmore de William Joyce and Brandon Oldenburg

    Critique de "The Artist" de Michel Hazanavicius


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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.


     

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.


     

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi, lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".


    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.


     

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).


    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets, de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance. Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer. Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.


    Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius. Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

     

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant. Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.


    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le primant, le Festival de Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     

    « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films aussi différents et marquants que « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.


    Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    En bonus :

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz


    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius


    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia


    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplin

     

    Critique de "Minuit à Paris" de Woody Allen

     

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