Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Critique de TROIS FOIS RIEN de Nadège Loiseau (au cinéma le 16 mars 2022)

trois fois rien Nadège Loiseau.jpg

Après Goliath de Frédéric Tellier, La Brigade de Louis-Julien Petit, voici un troisième film que je vous recommande d’aller voir à l’occasion du Printemps du Cinéma (20 au 22 mars).

Brindille (Philippe Rebbot), Casquette (Antoine Bertrand) et La Flèche (Côme Levin) vivent comme ils peuvent, au jour le jour, dans le bois de Vincennes. Mais leur situation précaire devrait changer du tout au tout le jour où ils gagnent au Loto. Encore faut-il pouvoir encaisser l’argent, car sans domicile, pas de carte d’identité à jour et sans compte bancaire, pas de paiement !

Le rituel semble immuable pour Brindille et Casquette : la douche (à l’occasion de laquelle ils rencontreront La Flèche, ainsi baptisé en raison de son cerveau qui ne fonctionne pas vraiment à la vitesse de la lumière, et son indéfectible compagnon à 4 pattes dont je vous laisse découvrir le doux nom qui donnera lieu à quelques quiproquos), le loto, et la soirée sur le banc depuis lequel ils regardent les résultats diffusés à la télévision d’un appartement. C’est ainsi qu’ils découvrent qu’ils ont gagné. La Flèche ayant payé le loto, il leur faudra donc partager avec lui les gains…et les aventures…et mésaventures qui en découleront.

Cinq ans après Le petit locataire, Nadège Loiseau signe son deuxième long-métrage présenté en compétition au Festival International du Film de comédie de l'Alpe d'Huez qui, décidément, proposait cette année une programmation de qualité puisque le remarquable film de Louis-Julien petit, La Brigade, pour lequel Audrey Lamy a obtenu le prix d’interprétation féminine, figurait également parmi les films en compétition.

L’absurdité de l’administration à laquelle ils se heurtent est prétexte à des scènes aussi kafkaïennes que justes. Sans justificatif de domicile et de compte bancaire, il leur est en effet impossible de poser le chèque en banque et, sans papiers d’identité, il leur est impossible d’avoir un logement…

Paris, à l’exception de quelques plans, est un décor presque absent. Nadège Loiseau a préféré braquer sa caméra sur ceux qu’on ignore habituellement et qui y errent et y survivent pourtant, tant bien que mal.

Comme le film précité, le film de Nadège Loiseau est également une comédie sociale. Avec son coscénariste, Niels Rahou, elle a trouvé le ton juste, burlesque et tendre, pour nous émouvoir avec l’histoire d’amitié entre ces trois naufragés de la vie, tous trois tombés dans la précarité. Trois être fragiles, vulnérables, écorchés par la vie qu’un coup de chance va lier, eux qui en ont tant manqué. A priori, rien d’autre ne les relie si ce n’est l’expérience de la rue. Tout pourrait les opposer même.

L’un est tombé dans la précarité suite à une séparation et une dépression, un autre suite au décès de ses parents, fuyant ses familles d’accueil. Quant au troisième, Casquette, le mystère demeure quant aux raisons qui l’ont amené dans la rue et même son identité ne sera jamais dévoilée. Philippe Rebbot lui apporte son côté dégingandé,  lunaire et poétique, que l’on aimait déjà tant dans L’amour flou (le film puis la série). Dans le bois de Vincennes, il vit dans une cabane qui semble sorti d’un conte qui contraste avec l’appartement vide dans lequel ils aménagent, un lieu sans passé, où ils sont en quête d’avenir. Casquette, lui l’avenir, celui dont il rêve, c’est un tour du monde avec Brindille…qui a d’autres projets en tête…

Là, les trois se reconstituent une famille dont La Flèche est l’enfant inconséquent. Le personnage le plus attachant est celui incarné par le Québécois Antoine Bertrand. Ce gain va être pour lui le moyen de prendre un nouveau départ et de tenter de renouer avec ses enfants qu’il n’a pas vus depuis des années et qui ignorent même qu’il est en vie, ce qui donnera lieu à une scène absolument poignante.

A noter aussi, la présence lumineuse de Nadège Beausson-Diagne, qui semble tout droit sortie d’une bd et complète parfaitement cette étrange équipée.

Nadège Loiseau a trouvé la note juste, tragi-comique, lorgnant même parfois du côté de la fable, une note si complexe pour traiter d’un sujet aussi délicat. Ces trois blessés de la vie, sur le chemin de la résilience, nous accompagneront bien longtemps après le générique de fin, grâce à la remarquable interprétation de ses trois acteurs principaux qui donnent de la voix et de la visibilité à ceux qui en manquent cruellement.

Au cinéma le 16 mars 2022

 

Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2022 Pin it! 0 commentaire

Écrire un commentaire

NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.

Optionnel