Exposition Kiarostami au Centre Pompidou du 19 Mai au 26 juillet 2021 (25/05/2021)

 

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Du 19 mai au 26 juillet, le Centre Pompidou présente les 46 films réalisés par Abbas Kiarostami.  À cette occasion, retour sur "24 frames", des courts-métrages réunis par le producteur Charles Gillibert, un film posthume qui sera diffusé le 27 juin dans le cadre de l'exposition, un film éblouissant que j'avais découvert dans le cadre du Festival de Cannes 2017.

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Que dire sans dénaturer ou banaliser la beauté de chacun des plans, de chacun de ces 24 cadres, pour refléter le sentiment d’émerveillement et de quiétude que chacun d’eux inspirent  ?

Le film est ainsi divisé en 24 parties. 24 cadres. 24 plans. 24 moments de grâce et de poésie. Cinq minutes chacun. Séparés par un fondu au noir. Ouverts par le chiffre qui indique leur numéro. Parfois leurs lignes et leurs motifs se répondent. Souvent le tableau semble inerte et puis la vie s’immisce et avec elle la force et la majesté du cinéma.

« J’ai décidé d’utiliser les photos que j’ai prises ces dernières années, j’y ai ajouté ce que j’ai imaginé avoir eu lieu avant ou après chacun des moments capturés » avait déclaré Kiarostami.

Le cinéma, fenêtre ouverte sur le monde. Mais aussi sur l’imaginaire. Vibrant hommage au septième art. À la peinture aussi, incitant ainsi notre imagination à vagabonder, à s’évader de l’autre côté de la fenêtre, à construire l’avant et l’après du tableau. Toujours cette confiance de Kiarostami dans le spectateur, acteur responsable de ce qu’il regarde. Comme aussi dans « Copie conforme », un autre de mes plus beaux souvenirs de cinéma du Festival de Cannes, film brillantissime sur la réflexivité de l’art, film de questionnements plus que de réponses,  réflexion passionnante sur l’art et l’amour et un dernier plan délicieusement énigmatique et polysémique qui signe le début ou le renouveau ou la fin d'une histoire plurielle.

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Dans "24 frames", la photographie, la peinture, la poésie, tout s’entremêle comme un adieu à tout ce qui a constitué l'œuvre de Kiarostami.


Le premier segment est ainsi un tableau de Brueghel l’Ancien intitulé « Chasseurs dans la neige ». Un village en hiver. En apparence, rien ne bouge. Et soudain la fumée, un oiseau, un chien, la neige et tout s’anime… Nous retrouverons d’ailleurs ensuite souvent ces motifs : les animaux, les changements climatiques (orage, neige surtout…). Des plans souvent à travers une fenêtre. Fenêtre ouverte sur le monde, encore…

 Chacun de ces « frames » est mémorable. De ces deux chevaux dansant langoureusement sous la neige sur fond de musique italienne, à surtout, ce dernier cadre. Une fenêtre à nouveau s’ouvrant sur des arbres qui se plient. Devant un bureau avec un écran avec, au ralenti, un baiser hollywoodien. Et, devant l’écran, une personne endormie. La magie de l’instant lui est invisible. Comme un secret partagé,  pour nous seuls, spectateurs, éblouis, de cet ultime plan du film et de la carrière de cet immense cinéaste. Comme une dernière déclaration d’amour au cinéma. A la fin des 5 minutes de ce baiser au ralenti sur l’écran de l’ordinateur s’écrivent ces deux mots, “The End”, sur une musique qui célèbre l’amour éternel. Une délicate révérence. Deux mots plus que jamais chargés de sens. Un film et une carrière qui s’achèvent sur l’éternité du cinéma et de l’amour. Un pied de nez à la mort. Son dernier geste poétique, tout en élégance. Et le plus beau plan de ce Festival de Cannes 2017.




15:37 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | | Pin it! | |